Méditation guidée sur mettā (bienveillance)
Ajahn Brahmavamso
Traduction
française de Phra Asekho
©2007 le Shanga, Wat Pah Nanachat
Lorsque nous pratiquons la méditation, nous ne sommes pas les seuls à en
bénéficier. Ça apporte du bonheur à bien d’autres aussi. Plus nous sommes
calmes et paisibles, plus nous pouvons donner aux autres. S’il n’y a pas de paix
dans nos cœurs, comment pouvons-nous donner de la paix à qui que ce soit ? Par
conséquent, en termes de compassion, la méditation est une des choses les plus
altruistes que l’on puisse faire. Si on a développé un peu de bonne énergie
dans la méditation, il vient alors le temps de partager cette énergie avec
d’autres êtres, en reconnaissant qu’il y a une connexion qui nous relie tous.
Ce que nous faisons dans notre méditation et notre pratique a réellement un
effet profond sur tous les autres êtres dans l’univers entier. C’est la raison
pour laquelle je vais maintenant décrire une méditation guidée sur la bienveillance.
Puisque c’est une méditation guidée, il peut être plus avantageux de
l’entendre, plutôt que de la lire. Vous pourriez donc demander à quelqu’un de
vous lire les instructions ou, mieux encore, enregistrer votre propre méditation
guidée. Pendant les instructions, il est important de marquer une pause de
temps en autre, et les meilleurs endroits pour marquer ces pauses sont indiqués
entre crochets dans le texte.
Pour commencer, asseyez-vous confortablement dans un endroit tranquille,
fermez les yeux et donnez à votre esprit la permission de lâcher prise de tous
ses fardeaux. Permettez à votre esprit de lâcher prise de tout passé et futur.
Souvenez-vous que vous méritez un peu de paix. Soyez suffisamment gentil pour
vous offrir ce cadeau qu’est le présent. Soyez ici, maintenant, et en douceur.
Soyez gentil avec votre corps en vous assurant qu’il soit confortable.
Passez en revue chaque partie du corps, en le détendant et en lui
offrant de la gratitude, des remerciements de vous permettre de vous asseoir en
méditation. Il peut arriver que vous ayez parfois été un peu dur avec lui, mais
maintenant remerciez-le de vous donner l’occasion d’être en paix. Ayons un peu
d’égards pour ce corps, montrons-lui du respect. Détendez-le jusqu’`a un point
de douce aisance, pour qu’il devienne un fin véhicule dans cette méditation sur
la bienveillance.
Prenez quelques minutes pour ressentir le corps et le mettre à l’aise.
[Pause]
Pratiquons maintenant un peu de méditation sur la respiration. Commencez
avec cette inspiration-ci qui vous apporte l’oxygène nécessaire à toute cette
bonne énergie dans le corps. Montrez-lui de la gratitude tandis qu’elle amène
cette énergie à l’intérieur, fournissant de la lumière, de la chaleur et
apportant cette énergie à chaque partie de votre corps. Imaginez l’air qui
entre et amène à chaque partie du corps une lumière dorée, et puis ressort en retirant
tous les gaz usés. Donnez cela en cadeau au monde, comme disait quelqu’un, pour
que les fleurs et les arbres puissent utiliser le gaz carbonique comme
nourriture. Inspirez avec gratitude, avec soin, et expirez comme cadeau à la
nature. Inspirez et expirez naturellement, avec un sentiment de gentillesse et
de chaleur envers le souffle, en donnant un sentiment de gentillesse, de
chaleur et de gratitude à l’instant présent. Cet instant présent vous donne
tant de bonheur et de sagesse. Dites merci à « maintenant ».
[Pause]
Offrez de la gratitude au silence, l’endroit où réside la paix, l’endroit
où cette béatitude de la liberté jaillit comme une source fraîche du sol.
Offrez de la gratitude à l’eau claire, limpide et rafraîchissante de la
tranquillité. Inspirez très gentiment, très chaleureusement.
Considérez votre souffle dans ce silence comme s’il s’agissait d’un
enfant, né de votre propre chair, une partie de vous-même, quelque chose que
vous caressez avec votre présence d’esprit, en douceur, chaleureusement,
soigneusement. Faites confiance à cette qualité de présence aimante comme un
enfant dans les bras de sa mère. Soyez sans souci, sans souci pour le futur,
comme un bébé dans les bras de sa mère, bercé par le rythme de la respiration, par
les va-et-vient de la respiration. Arrêtez-vous un instant. Appréciez la
respiration.
[Pause]
Nous allons maintenant commencer la méditation sur la bienveillance.
Choisissez un objet avec le regard intérieur ; imaginez un bébé, un
chaton, un chiot ou n’importe quel objet que vous puissiez évoquer par l’imagination.
Choisissez un objet envers lequel il vous est facile de générer des sentiments
de chaleur, d’amour et d’attention. Pendant que vous visualisez cet être devant
vous, imaginez qu’il n’y a qu’une seule personne au monde pour s’occuper et
prendre soin de lui : vous. Si ce n’était pas pour vous, ce petit bébé, ce
petit chaton ou ce petit chiot mourrait sûrement ; il mourrait de faim, de
froid, ou par manque d’amour.
Voyez si vous pouvez regarder cet être dans les yeux. Donnez lui de la
confiance, donnez-lui de la gentillesse, donnez-lui de l’attention.
Dites à cet être imaginaire : « J’éprouve de la gentillesse et de l’amour pour toi.
Je vais prendre soin de toi, te nourrir, te protéger et t’aimer peu importe ce
qui arrive. Je serai toujours là pour toi. » Tandis que vous prenez
ce bébé, ce chaton ou ce chiot dans les bras et le tenez contre votre poitrine,
tout en maintenant le contact visuel, voyez si vous pouvez ressentir ce petit être
vous retourner de l’amour, de la confiance et de la gentillesse. Quels que
soient les mots, l’idée ou le commentaire qui vous viennent à l’esprit, générez
d’avantage de gentillesse et d’attention, d’avantage d’amour pour ce petit
être, comme par exemple dire à cet être imaginaire : « La porte de mon cœur
t’est toujours ouverte. Quoi que tu fasses, je ne te retirerai jamais mon
amour, ni mon attention. Ma mettā est inconditionnelle, sans limites. »
[Pause]
A présent, il vous faut faire de ce petit être votre ami tout proche.
Tout en donnant cette chaleur, cette mettā, cette bienveillance - sans limites et
sans conditions - à ce petit être imaginaire, remarquez la sensation dans votre
propre cœur. Quand vous donnez cet amour, ça crée une belle chaleur, une lueur
dorée de bienveillance.
Prenez le temps avec cet être imaginaire, jusqu’à ce que la chaleur et
le flux de bienveillance envers ce chaton, ce chiot ou ce bébé soient très
forts, comme si cet être n’´etait plus du tout imaginaire, mais réel.
Donnez-lui votre amour, votre attention et votre protection le cœur ouvert. « Puisses-tu être heureux
et bien pour toujours. Tu comptes vraiment pour moi. Quoi que tu fasses, où que
tu ailles, je te donnerai toujours mon amour.»
Comment ressentez-vous à l’intérieur cette lueur dorée de bienveillance pour
un autre être ? Arrêtez-vous un moment. Appréciez la sensation.
[Pause]
A présent, c’est comme si cette image de chaton, de chiot ou de bébé
disparaissait, et s sa place il y a l’image de quelqu’un qui vous est très
proche dans la vie - ça peut être un mari ou une femme, un enfant, un parent ou
un ami proche. Laissez cette personne apparaître devant vous, en l’imaginant
dans l’esprit, en sachant qu’elle aussi est fragile. Sans votre amour et votre
soin, elle aussi aura de la peine, elle aussi va souffrir. Alors donnez la même
chaleur, la gentillesse et l’amour inconditionnel à cette personne dont la vie
est si proche de vous. Dites-lui : « Tu comptes pour moi ; je te donne ma bienveillance
sans condition. La porte de mon cœur te sera toujours ouverte. Quoi que tu
fasses, je ne te retirerai jamais ma bienveillance. Je souhaite ton bien-être
et ton bonheur.
Ton bonheur est mon souci, mon souci pour toute la vie. » Donnez lui ce bel amour
chaleureux. «
Puisses-tu
vraiment être heureux ; puisses-tu accéder à la paix, au nibbāna. Puisses-tu être libre
de toute souffrance. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour t’assister
dans cette quête, c’est mon privilège et mon plaisir de t’aider. »
En projetant ces résolutions de bienveillance envers cette personne qui
est importante dans votre vie, que vous imaginez devant vous, ressentez ce
rayonnement doré dans votre cœur. Ressentez la chaleur de la bienveillance. C’est
comme si vous permettiez à cette lueur dorée de grandir, d’atteindre cette
personne si proche de vous, de l’entourer comme un halo. Laissez cette lueur
dorée la baigner et lui donner de l’énergie, du bonheur et de la santé.
Restez auprès cette lueur. Dites dans votre esprit : « Je te souhaite bonheur
et bien-être ; puisses-tu être en paix ; puisse toute souffrance cesser pour
toi. »
[Pause]
En donnant cette bienveillance inconditionnelle à la personne de votre
choix, permettez à cette sensation de gagner en éclat et de devenir encore plus
belle. Arrêtez-vous un moment. Appréciez simplement la sensation.
[Pause]
Lorsque vous êtes prêt, lâchez prise de l’image de cette personne. Substituez-la
pour une autre personne dont vous êtes proche. Répétez le processus en créant
la sensation de mettā de la même manière. Prenez tout le temps qu’il vous faut.
[Pause]
A présent, c’est comme si cette deuxième personne proche disparaissait aussi.
Sans ouvrir les yeux, imaginez tout un groupe de personnes, pourquoi pas, par
exemple, toutes les personnes dans la maison dans laquelle vous êtes. Développez
la lueur aimante de mettā autour d’elles. « Puissiez-vous être heureux et bien... »
Voyez si vous pouvez imaginer mettā comme un rayonnement doré venant d’une belle fleur
de lotus blanche au centre de votre cœur.
Donnez de la bienveillance à tous les êtres dans votre maison (ou autre
groupe), tous les êtres visibles et invisibles. Donnez leur votre bienveillance
à tous. Dites-leur : « Je vous souhaite vraiment à tous le bonheur et la paix. La porte de mon cœur
vous est ouverte en ce moment et pour toujours ; quoi que vous fassiez, vous
serez toujours mes amis. Je vous donne mon attention, tout mon amour, et ma
bonté. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour alléger votre peine,
c’est mon privilège de le faire. » Baignez tous les êtres dans le groupe de ce
rayonnement doré de bienveillance à la splendeur croissante, « voyant » un halo doré autour de
chaque personne, se fondant en un magnifique feu doré d’attention, de bienveillance
et de gratitude envers eux. Tandis que cette lueur dorée de bienveillance
grandit toujours plus, arrêtez-vous de temps en temps pour la ressentir à
l’intérieur de vous.
[Pause]
En donnant de l’amour désintéressé aux autres, vous trouvez une belle et
chaleureuse paix dans votre propre cœur, un silence, une énergie. Portez encore
une fois votre attention sur cette lueur dorée et étendez-la au-delà du groupe
que vous avez choisi, à toutes les personnes du village ou de la ville où vous
vivez. A tous les gens de votre village ou de votre ville qui souffrent
aujourd’hui, qui ne connaissent pas la paix, qui se disputent à la maison, qui sont
perdus et seuls, sans jamais vraiment pouvoir apprécier ou connaître l’amour.
Connaissez leur vide ; remplissez-le de votre propre amour. Donnez cette lueur
dorée sans distinction dans tout le village ou la ville. « Puissent tous ces êtres
se sentir heureux et à l’aise. Puissent-ils ressentir la même paix que je
ressens maintenant, et puissent-ils ressentir la même acceptation et la même sécurité
que je ressens maintenant. Je donne cette lumière dorée d’amour en cadeau à
tous les êtres de ce village ou de cette ville. Soyez tous heureux et à l’aise.
Soyez tous en paix. Soyez tous en bonne santé et ayez de la joie dans le codeur.»
Arrêtez-vous encore, et goûtez au plaisir de cette sensation.
Savourez-la.
[Pause]
Lorsque vous êtes prêts, étendez cette lueur dorée encore plus loin.
Etendez-la à tous les gens du pays. A mesure qu’elle s’étend, et qu’elle recouvre
l’ensemble de cette planète, elle s’embellit. Dites vous : « Puissent tous les êtres
- humains, animaux ou invisibles - puissent tous les êtres trouver le bonheur.
Nous sommes tous amis dans le Samsāra, dans cette perpétuelle errance de vie en vie ;
tous les êtres sont sujets au vieillissement, à la maladie et à la mort, tout
comme moi. Je vous donne mon bonheur en cadeau. Je vous donne mon amour; la
porte de mon cœur sera toujours ouverte à tous les êtres. Je vous souhaite du
bien. Je vous souhaite la paix, sincèrement, de tout mon cœur. Cet instant est
pour vous. »
Arrêtez-vous à nouveau.
[Pause]
A présent étendez votre bienveillance à l’univers entier, en vous disant
: «
Puissent
tous les êtres - grands ou petits, invisibles ou visibles - puissent tous les
êtres se trouver libres de souffrance. Puissent tous les êtres réaliser la béatitude
de l’illumination. Puissent tous les êtres connaître cet ultime bonheur, cette absence
de «
soi », cet amour, cette
liberté et cette paix. Je donne ceci comme cadeau à tous les êtres. »
[Pause]
A mesure que cette lueur dorée s’étend, remarquez la sensation à l’intérieur
: cette bienveillance sans limite, inconditionnelle qui s’étend à l’univers
entier. Comment la ressentez-vous à l’intérieur de vous ? Comment la
ressentez-vous, tout en sachant que vous êtes en train de donner à l’univers
entier cette merveilleuse lueur dorée d’amour de la même façon que vous l’avez
donnée aux images des gens à la maison, à votre meilleur(e) ami(e), à un
chaton, un chiot ou un bébé ?
Arrêtez-vous encore.
[Pause]
Lorsque vous
êtes prêts, placez une image de vous-même devant
vous. Sans
ouvrir les yeux, imaginez que vous êtes en train de regarder dans
une glace
cette personne avec laquelle vous vivez depuis que vous êtes
né(e), la plus
proche de vous. Donnez-vous cette lueur dorée. Dites-vous :
« La porte de mon cœur
m’est ouverte. Je me donne mon amour, viens, entre. » Puis
dites ceci à votre
propre image : « Je te souhaite plein de bonheur et de
bien-être ; quelles que soient tes
défauts, je te pardonne. La porte de mon cœur m’est
ouverte quelles que soient
les choses que j’aie pu faire. » Donnez de l’amour
inconditionnel à cet être à
l’intérieur, que nous appelons « moi ».
Dites-vous : « Je m’autorise à être
heureux(euse).
Je me donne la permission d’être libre. Puissé-je
trouver l’éveil. Puissé-je être
en paix, libre de toute souffrance. » Donnez-vous cette belle
chaleur d’amour et de
gentillesse, sans distinction, sans condition. Baignez-vous dans la
lueur dorée
de mettā. Restez auprès de cette
sensation de bienveillance aussi longtemps que vous voulez. Prenez-y plaisir.
Restez-y.
[Pause]
Quand vous sentez que le moment est venu de conclure, arrête vous encore
une minute ou deux pour réfléchir à ce que vous ressentez en dedans. Remarquez
l’effet qu’a eu cette méditation sur vous. La méditation de mettā peut produire une
béatitude céleste.
[Pause]
A présent imaginez une fois encore la lueur dorée de mettā, issue de la belle
fleur de lotus blanche dans votre cœur. Ramenez doucement cette lumière dorée
dans le lotus, en laissant la chaleur à l’extérieur. Lorsque la lueur n’est
plus qu’une minuscule boule d’intense lumière au le centre du lotus, refermez
doucement les pétales, en gardant la graine de mettā dans votre cœur, prête
à être relâchée au cours de votre prochaine méditation sur mettā. Enfin, lorsque vous
êtes prêt, ouvrez les yeux, et levez-vous lentement.
Puissent tous les êtres
être heureux.