Le Dhammapada
Nouvelle traduction par Jeanne Schut
extrait de "Les Plus Belles Paroles de Bouddha", publié aux Editions SULLY.
I. Versets sur les paires
d’opposés
Yamaka-vagga
1 – 2
Tous les
phénomènes qui se manifestent à nous
Naissent
dans notre cœur et dans notre esprit ;
Ils sont
dirigés par le cœur et l’esprit,
Ils sont
fabriqués par le cœur et l’esprit.
Si nous
parlons ou agissons
Avec un cœur
et un esprit obscurcis
La
souffrance s’ensuivra
Aussi
sûrement que la roue du chariot
Suit la
trace des sabots du bœuf qui le tire.
Tous les
phénomènes qui se manifestent à nous
Naissent
dans notre cœur et dans notre esprit ;
Ils sont
dirigés par le cœur et l’esprit,
Ils sont
fabriqués par le cœur et l’esprit.
Si nous
parlons ou agissons
Avec un cœur
et un esprit paisibles et lumineux,
Le bonheur
s’ensuivra
Aussi
sûrement que notre ombre
Qui jamais
ne nous quitte.
3 - 6
« On
m’a insulté, on m’a frappé ! »
« On
m’a battu, on m’a volé ! »
Ceux qui
entretiennent de telles pensées
Ne mettront
jamais fin à l’hostilité.
« On
m’a insulté, on m’a frappé ! »
« On
m’a battu, on m’a volé ! »
Ceux qui
n’entretiennent pas de telles pensées
Verront
l’hostilité s’apaiser.
Jamais les
rancœurs ne seront apaisées par l’hostilité.
Ce n’est
qu’en s’abstenant de toute hostilité
Que les
rancœurs seront apaisées.
Telle est la
loi de toute éternité.
Certains
semblent oublier
Que nous
devons mourir un jour.
Ceux qui en
sont conscients
Abandonnent
toute querelle pour toujours.
7 – 8
Celui qui ne
s’intéresse
Qu’à ce
qui est beau et agréable aux sens,
Qui ne sait
pas se modérer en matière de nourriture,
Qui est
amorphe et sans énergie :
Celui-là
sera anéanti par Māra
Aussi
sûrement qu’un arbre chétif
Est emporté
par le vent.
Celui qui
est conscient que les choses sont périssables,
Qui sait
modérer ses sens et sa nourriture,
Qui est
confiant et plein d’énergie :
Celui-là ne
sera pas anéanti par Māra,
Pas plus
qu’une montagne rocheuse
Ne peut être
emportée par le vent.
9 – 10
Celui qui
porte la robe orange du moine
Tout en
étant immoral, indigne de confiance
Et dépourvu
de toute maîtrise de soi,
Celui-là ne
mérite pas de porter la robe orange du moine.
Mais celui qui a abandonné toute immoralité,
Qui est
digne de confiance,
Qui se
maîtrise et suit les Préceptes,
Celui-là
mérite vraiment de porter la robe orange du moine.
11 – 12
Ceux qui
considèrent le non-essentiel comme essentiel
Et
l’essentiel comme non-essentiel,
Se
fourvoient dans des pensées erronées
Et
n’atteignent pas l’essentiel.
Ceux qui
reconnaissent l’essentiel comme essentiel
Et le
non-essentiel comme non-essentiel,
Demeurent
dans une réflexion juste
Et
atteignent l’essentiel.
13 – 14
De même que
la pluie s’infiltre
Dans un toit
de chaume mal attaché,
Les passions
s’infiltrent
Dans un cœur
et un esprit non entraînés.
De même que
la pluie ne peut s’infiltrer
Dans un toit
de chaume bien attaché,
Les passions
ne peuvent s’infiltrer
Dans un cœur
et un esprit bien entraîné.
15 – 16
Quand il
prend conscience de la laideur de ses actes,
Celui qui a
mal agi
Se désole
et s’afflige,
Dans ce
monde comme dans l’autre.
Quand il
prend conscience de la beauté de ses actes,
Celui qui a
bien agi
Se réjouit
et exulte,
Dans ce
monde comme dans l’autre.
17 – 18
Celui qui a
mal agi souffre
Dans ce
monde comme dans l’autre.
Il se
tourmente en pensant : « J’ai mal agi »
Et il se
tourmente plus encore
Quand il
part vers les mondes de désolation.
Celui qui a
bien agi
Se réjouit
dans ce monde comme dans l’autre.
Il se
réjouit en pensant : « J’ai bien agi »
Et il se
réjouit plus encore
Quand il
part vers les mondes de félicité.
19 – 20
L’inconscient,
Capable de
réciter de nombreux textes sacrés
Mais
incapable, dans sa vie, de les appliquer,
N’aura
aucune part aux bénédictions
D’une vie
contemplative et de méditation –
Exactement
comme un berger
Qui se
contenterait de veiller
Sur le
troupeau d’un autre berger.
Celui qui
connaît mal les textes sacrés
Mais suit le
Dhamma et le met en pratique,
Qui
abandonne les passions,
Les pensées
erronées et l’aversion,
Le vigilant
Qui a libéré
son esprit et ne s’attache à rien
Dans ce
monde ni dans l’autre,
Celui-là a
sa part de bénédictions
D’une vie
contemplative et de méditation.