Le Dhamma de la Forêt |
Phra Ajahn Dune Atulo est né le 4 octobre 1888 à Prassat, village du district de Muang. Il est ordonné moine à l’âge de 22 ans à Surin, capitale de la province. Six ans plus tard, désillusionné par sa vie de moine de ville inculte, il quitte son monastère pour étudier le Dhamma à Ubon Ratchatani où il devient l’ami d’Ajahn Singh Khantiyagamo et prend de nouveaux vœux monastiques chez les Dhammayut (Mouvement réformateur du Theravada en Thaïlande lancé par le prince Mongkut en 1833). Peu de temps après, Ajahn Singh et lui rencontrent Ajahn Mun qui était de retour dans le nord-est de la Thaïlande après plusieurs années d’errance dans la forêt. Impressionnés, tant par l’enseignement d’Ajahn Mun que par son maintien, les deux moines abandonnent leurs études et s’engagent dans la vie méditative des moines de forêt sous sa direction. C’est ainsi qu’ils deviennent ses tout premiers disciples. Après avoir marché pendant dix-neuf ans à travers les forêts et les montagnes de la Thaïlande et du Cambodge, Ajahn Dune reçoit l’ordre de ses supérieurs ecclésiastiques d’aller à Surin pour y diriger un monastère où seront combinées l’étude et la pratique du Dhamma. C’est ainsi qu’en 1934 il devient l’abbé de Wat Burapha, monastère au cœur de la ville, où il vit jusqu’à sa mort, en 1983.
En tant que l’un des plus anciens moines de la Tradition de la Forêt à laquelle Ajahn Mun a redonné vie, Ajahn Dune était largement connu sous le nom de Luang Pu, terme de respect et d’affection qui signifie « Vénérable Grand-père ».
Nombreux sont ceux qui ont réclamé des enseignements de Luang Pu, désireux de les lire ou de les entendre – malheureusement, ceux-ci sont très rares car il ne donnait jamais d’enseignements formels et ne parlait pas beaucoup. Il enseignait simplement la méditation, sermonnait ses élèves, répondait aux questions ou parlait du Dhamma avec d’autres vieux moines. Il s’exprimait de manière brève, concise et précise.
Par conséquent, en réponse à l’intérêt que les gens ont montré pour le Dhamma de Luang Pu, son plus proche disciple et assistant, Phra Bodhinandamuni, a réuni en un livret ses brefs enseignements : de pures vérités au plus haut niveau, des semonces et des leçons qu’il donnait à ses moines, des questions et réponses, ainsi que des paroles du Bouddha qu’il citait volontiers. Ayant vécu près de Luang Pu jusqu’à son dernier jour, Phra Bodhinandamuni a écrit ce recueil à partir de ses souvenirs et de ses propres notes. Il a pris soin de préciser les situations, lieux et personnes concernées pour faciliter la compréhension de ces passages et les rendre plus agréables à la lecture. Il ajoute :
« Bien que Luang Pu ait été peu loquace, ses paroles étaient remarquablement vives et perspicaces. Il allait droit au but, chaque phrase contenait un message qui se suffisait à lui-même. C’était comme s’il hypnotisait ses auditeurs, les forçant à réfléchir longtemps à ses paroles avec le plus profond discernement. »