Comment
accueillir l’angoisse et la peur
Inspiré
du livre de Bhante Gunaratana What,
Why, How (Wisdom,
2019)
Traduit par Jeanne Schut
Comment faire pour ne pas s’angoisser quand la
situation est grave ?
L’inquiétude vient de la peur. La peur naît du
désir, de l’attachement.
Le conseil de Bouddha pour surmonter la peur est de
nous libérer de nos désirs/attachements et de notre
aversion/négativité. Pour ce faire, nous regardons en nous avec
attention, nous observons la réalité que nous vivons chaque jour, à
chaque instant. Et que voyons-nous ? L’impermanence :
tout change constamment ! Voyez-le bien encore et encore :
tout change constamment ! Alors comment peut-on s’inquiéter
pour une chose ou une autre ? Tout change constamment !
La pratique de metta aide-t-elle le méditant à
se libérer de la peur ?
Absolument. Lorsque nous pratiquons régulièrement
metta, l’amitié bienveillante pour tous les êtres, non
seulement la peur ne surgit pas en nous mais, en plus, nous libérons
les autres de la peur.
Lorsque vous pratiquez metta, la vibration
qui émane de votre esprit et de votre corps est une vibration
d’amitié et de bienveillance. C’est comme être assis au milieu
d’un groupe d’amis : vous vous sentez protégé, en
sécurité, de sorte que, dans votre esprit, vous êtes sans peur, et
tous ceux qui vous entourent se sentent également libres de la peur.
Une fois bien développée et cultivée, metta
peut émaner de nous spontanément.
Comment conseillez-vous de faire face à des
états émotionnels aussi forts?
Cela dépend du type d'émotion. Je conseillerais à
la personne de ne pas penser aux choses qui ont provoqué les
émotions. Laissez-les passer. C'est difficile, mais c'est une façon
très pratique de les gérer.
Il est bon de se souvenir des enseignements du
Bouddha sur l’attention. La première chose à faire est de ne pas
laisser des états d’angoisse agiter l'esprit. Mais, s’ils sont
déjà apparus, nous devons voir que ce qui a causé ces états est
passé ou ne se produira peut-être jamais à l'avenir. La seule
chose qui importe, c'est ce qui se passe en cet instant.
Le Bouddha a dit que celui qui ne s’angoisse pas
inutilement, qui ne laisse pas l’esprit s’agiter inutilement,
« brille comme la lune libérée des nuages ». Ne laissez
pas de telles pensées surgir et embrouiller votre esprit. N’oubliez
pas que tout est impermanent. Ces états apparaissent et
disparaissent selon certaines causes et certaines circonstances, or
ces causes et circonstances ne cessent de changer ; elles ne
sont plus qu'un simple souvenir ou une projection sans fondement.
Donc, si nous nous efforçons de penser à des
choses positives et saines, encore et encore et encore, les choses
négatives disparaîtront lentement de l'esprit. Le Bouddha a comparé
cela à une cuillérée de sel que l’on mettrait dans un verre
d’eau. Comme il y a peu d’eau dans le verre, l’eau sera très
salée. Mais si on jette la même cuillérée de sel dans une rivière
ou un lac, l’eau ne sera pas plus salée pour autant.
De même, si nous nous entraînons à emplir notre
esprit de choses saines, comme des pensées de metta pour
tous, lorsque des pensées de peur ou d’angoisse surgiront, elles
n'affecteront pas sensiblement l'esprit. Comme celui-ci est
entièrement chargé de positivité, les pensées d’angoisse
n’auront pas assez de force pour modifier profondément l’état
d’esprit. C'est le sens de la comparaison avec la cuillérée de
sel dans l’eau.
Voilà les choses dont nous devons nous souvenir
lorsque des états émotionnels ou difficiles surviennent, aussi bien
dans la vie quotidienne qu’en méditation.