Le Dhamma de la Forêt |
J’aimerais parler de la pratique de la méditation, pratique qui vous
sera très utile en toutes circonstances et où que vous soyez. Il ne s’agit pas d’un
thème d’importance secondaire ; c’est, au contraire, le cœur même des
enseignements du Bouddha et toutes les écoles bouddhistes mettent l’accent sur
cette pratique.
Bien qu’elle soit devenue assez populaire, la méditation est
souvent mal comprise. Elle est soit trop simplifiée soit rendue trop difficile
à pratiquer. Une pratique simplifiée laisse place à la complaisance et à la
désinvolture. Certains pensent qu’il suffit d’être conscient de ce qui arrive
autour de soi pour que l’illumination arrive : « Allez simplement
dans le sens du courant. Ne vous en faites pas. Vous êtes déjà éveillés même si
vous ne le savez pas. » (Rires)
Cette façon de voir ne tient pas compte des enseignements du Bouddha que nous
trouvons dans les Ecritures, et certains individus ayant une connaissance très
partielle enseignent une forme de méditation trop simple. Dans l’autre extrême,
il existe une méthode vraiment très difficile à pratiquer basée sur la technique
analytique : on analyse son corps en observant des zones de plus en plus
petites, comme en microbiologie, en divisant la zone d’observation à l’infini.
Mais il ne s’agit là que d’une approche matérielle et les Enseignements ne font
aucune mention de cette pratique.
Malheureusement, les gens ne lisent pas les Sutta, ils ne
veulent pas étudier — simplement méditer ! Si vous ne connaissez pas la
méthode préconisée par le Bouddha, vous ne ferez qu’accroître votre confusion.
Les gens me posent souvent la même question : « Comment savoir si je
progresse ? Comment évaluer mes progrès ? » Ils posent ces
questions parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’ils font. Ils suivent telle ou
telle méthode, tel ou tel enseignant et additionnent les heures passées en
méditation, le nombre de retraites effectuées. Ils dépensent beaucoup de temps
et d’énergie pour trouver un nouvel enseignant, pour se rendre d’un centre de
méditation à un autre, comme s’ils faisaient du lèche-vitrine. Mais ils ne
regardent pas dans la bonne direction ! Ils ne font pas ce qu’il faut
faire ! Nul besoin d’aller si loin pour pratiquer la méditation. Le Bouddha
a enseigné une merveilleuse méthode, très claire, mais personne ne s’en soucie.
Qui s’intéresse aux enseignements du Bouddha ? Les gens préfèrent que les
maîtres parlent de leur propre expérience, mais celle-ci est inexprimable si on
n’utilise pas le vocabulaire des enseignements du Bouddha.
Le Bouddha nous recommande d’observer notre esprit, mais nous
faisons exactement le contraire. Pour voir nos progrès, nous devons observer l’esprit,
pas le corps ! On peut
difficilement constater les progrès en observant seulement le corps. Ce qui se
passe dans le corps doit être compris par la manière dont nous l’observons. Le
Sutta des Quatre Fondements de l’Attention (Maha
Satipatthana Sutta) nous dit d’observer le corps mais d’une certaine
manière — pas comme un biologiste, un physicien ou un chimiste ! Nous devons observer le corps à travers ce
qui se passe dans notre esprit. Que se passe-t-il dans notre esprit quand
notre corps se meut au fil des activités de la vie. ?
Voici quelques exemples pris dans ce Sutta : « Quand
vous avancez, ayez la claire conscience d’avancer. » Qu’est ce que cela signifie ?
Devons-nous simplement lever un pied, l’avancer et le reposer ? Non !
S’agit-il de la perception et des sensations du mouvement ? Non ! Nous
devons utiliser ces gestes et ces sensations pour observer ce qui se passe dans l’esprit pendant le mouvement. Nous
devons être conscients de l’impermanence
du mouvement et, en même temps, observer la
perception erronée que notre esprit a d’un « je », d’un « moi », d’un « mien » pour comprendre que ceci
n’est pas moi, ceci n’est pas mien, ceci n’est pas « je ». C’est très difficile à
comprendre, mais la notion d’un « je »
s’évanouit complètement quand nous voyons
véritablement les activités accomplies
pendant le déplacement. La notion même de
« je » disparaît. Ce que nous
voyons, à ce moment-là, c’est l’origine
interdépendante des phénomènes. C’est
ce que l’on appelle la « vision intérieure
pénétrante ». Mais nous ne
pouvons pas avoir cette compréhension à travers des
images erronées telles que :
je lève mon pied, j’avance mon pied, je pose mon pied, je
sens un contact. En
utilisant le mot « je », nous ne voyons pas ce
qui se passe. Il nous
faut voir, d’un côté, l’impermanence et, de
l’autre, que ce qui est impermanent
n’a pas de « je ».
Nous retrouvons cela dans l’Anattalakkhana
Sutta où le Bouddha demande à un
moine : « Cela est-il permanent ou impermanent ? » et le moine
répond : « C’est impermanent ». « Si c’est impermanent,
est-ce satisfaisant ou insatisfaisant ? » « C’est
insatisfaisant ». « Si c’est impermanent et insatisfaisant, est-il
juste de dire cela est moi, que je suis cela, que cela est mien » ?
Il est très difficile de libérer notre esprit de ce concept du « moi »
parce que nous pensons en ces termes. Dans la vie de tous les jours, il est normal
d’utiliser les mots « je », « mien » ou « moi » —
mais seulement pour communiquer ! Quand nous développons la vision
intérieure, nous n’essayons pas de voir un « moi » quand nous nous
déplaçons ; nous voyons de simples activités, des phénomènes. Pourquoi ? Nous
voulons développer cette compréhension pour affaiblir notre rigidité, nos
tensions et cet ego qui prend tant de place dans notre vie. Et cette pratique
est valable non seulement dans le mouvement de la marche mais aussi dans toutes
les activités. Nous devons parvenir à voir l’interdépendance de tous les
phénomènes : chacun apparaît à cause d’autres facteurs.
La parole est un autre exemple d’observation de l’esprit donné
dans le Sutta. Nous parlons souvent, que ce soit pour converser, pour demander
quelque chose, pour donner des instructions ou pour toute autre raison. Dans
notre société moderne, il y a une nouvelle pratique appelée « la
communication non violente » qui est enseignée partout : à l’université,
dans certaines écoles, dans les livres. C’est un bel exemple de la pratique de
l’attention à la parole. Quand nous parlons en pleine conscience, il n’y a pas
de place pour l’avidité, l’aversion, l’ignorance, la peur ou l’anxiété. Parce
que nous parlons avec attention et que nous écoutons avec attention, notre
écoute est respectueuse, pleine d’amitié, de bienveillance ou mettā. Que les gens nous parlent de leurs
souffrances ou qu’ils nous parlent avec arrogance, nous ne réagissons pas
émotionnellement. Nous écoutons avec pleine attention et nous parvenons ainsi à
comprendre ce que la personne veut vraiment nous dire, nous l’entendons. Par
contre, si nous écoutons campés sur nos positions, si nous décidons d’avance
que notre interlocuteur n’a rien compris ou qu’il nous fait perdre notre temps,
en le jugeant ainsi, nous ne l’entendons pas réellement.
Et quand c’est notre tour de parler, nous devons le faire avec
bienveillance, en pratiquant mettā, dans
le but de soulager la souffrance, l’anxiété et la peur de notre interlocuteur,
avec l’intention de l’aider à y voir clair. Si nous parlons avec notre ego pour
l’impressionner, montrer notre supériorité ou nos connaissances, il n’y a pas
de communication, nous ne sommes pas attentifs, nous ne faisons qu’enfler notre
ego. Donc quand nous pratiquons l’attention dans une conversation, nous apprenons
à exprimer notre compassion, notre respect, notre simplicité, notre amitié et
notre chaleur humaine.
Le Bouddha a toujours dit qu’en parlant avec attention, nous avons
l’occasion de voir surgir l’avidité, l’aversion, le ressentiment, la confusion
et l’ignorance qui sont nos tendances sous-jacentes. Nous essayons alors
immédiatement d’observer cet état d’esprit particulier afin de lâcher notre
avidité, notre convoitise, notre ego, notre égoïsme. Avec cette qualité
d’attention, nos conversations prennent tout leur sens.
Les gens me demandent : « Comment pouvons-nous méditer
quand il y a tant de choses qui nous distraient ? » Quand nous
entendons un bruit, notre attention se porte immédiatement vers l’extérieur et
nous analysons, nous critiquons, nous spéculons sur qui a fait ce bruit, nous nous
agitons en accusant ce bruit de nous distraire. Mais, si nous sommes attentifs,
nous n’allons pas laisser notre attention s’envoler vers l’extérieur où ces
distractions se produisent. Au contraire, nous observons notre esprit et ce que
le son produit comme réaction en nous — avidité, ressentiment, confusion ou
tout autre sentiment qui se manifeste dans l’esprit. Ainsi, au lieu d’aller
vers l’extérieur avec le bruit, nous restons à l’intérieur, en nous-mêmes. Nous
devons développer la vision intérieure, la vision de notre propre esprit et prendre
conscience de nos réactions mentales face aux distractions.
La pratique de l’attention permet de mieux nous connaître, de
nous calmer, de réduire les distractions à l’intérieur. Donc, pour voir nos
progrès en méditation, nous devons regarder à l’intérieur et voir si nous nous mettons
en colère aussi souvent et autant que par le passé, si nous nous laissons
toujours aussi facilement distraire par de petites choses qu’auparavant, si
notre confusion a diminué, si notre gentillesse a augmenté, si la bienveillance
s’est accrue, si notre égocentrisme a diminué. Nous pouvons ainsi comprendre et
mesurer nos progrès en méditation directement à l’intérieur de nous-mêmes. Nous
sommes les seuls à pouvoir nous évaluer et certifier nos résultats — nul
autre ne le peut.
Quand nous méditons, nous devons toujours observer notre esprit, que nous pratiquions la méditation sur le
corps, la méditation sur les sensations, la méditation sur la conscience ou la
méditation sur les activités mentales. Le Bouddha l’a dit très clairement dans
presque tous les Sutta : nous devons travailler sur l’esprit parce que
tout prend son origine dans l’esprit et tout prend fin dans l’esprit. Ce n’est
pas regarder nos pieds quand nous marchons, marcher très doucement ou disséquer
mentalement le corps dans le détail qui nous fera voir ce qui se passe dans
l’esprit ni qui entraînera notre esprit. Nous pratiquons un entraînement mental
et pour cela nous devons observer notre esprit. Les mouvements ont leur origine
dans l’esprit. Si nous marchons doucement, nous devons observer ce qui se passe
dans notre esprit : « Suis-je un simulateur ? Suis-je en train
de me pavaner ? Suis-je prétentieux ? Suis-je en colère ? » Méditer c’est observer l’esprit.
Dans sa technique de méditation, le Bouddha nous a donné de
nombreux exemples sur nos mécanismes extérieurs en montrant qu’ils sont
l’expression de nos processus internes. Tous nos processus internes s’expriment
à travers des agents externes tels que le corps ou les mots. Il y a un très
beau discours du Bouddha, pour n’en citer qu’un, qui s’appelle Upali Sutta tiré du Majjhima Nikaya.
Upali était un disciple de Nigantha. (Je ne vais pas
vous raconter tout le Sutta, seulement la partie qui nous concerne
aujourd’hui.)
Upali demanda au Bouddha : « Vénérable,
pouvez-vous me dire ce que
vous considérez comme le plus important : les
activités physiques,
verbales ou mentales ? Ce que vous faites physiquement, ce que
vous
exprimez avec des mots ou ce que vous pensez ? Pour vous, laquelle
des ces
trois activités est la plus importante ? » Le Bouddha
répondit : « Et
toi, qu’en penses-tu ? » Upali dit :
« Bien entendu, les
activités physiques sont les plus importantes, puis viennent les
activités
verbales et enfin les activités mentales ».
« En es-tu sûr ? » demanda
le Bouddha. « Bien entendu » répondit
Upali. « Est-ce la vérité
selon toi ? » dit le Bouddha. « C’est la
vérité selon moi », répondit
Upali. Le Bouddha lui reposa une troisième fois la même
question et Upali
répondit encore que les activités physiques sont plus
importantes que toutes
les autres puis il reposa sa question au Bouddha :
« Vénérable,
pouvez-vous me dire ce que vous considérez comme le plus
important : les
activités physiques, verbales ou mentales ? » Alors
le Bouddha lui répondit :
« Je dis que les activités mentales sont les plus
importantes » « Non
Vénérable, je ne peux pas croire cela », dit
Upali.
Alors le Bouddha lui donna un exemple : « Ton maître, Nigantha,
enseigne qu’il ne faut pas boire d’eau fraîche pour ne pas tuer d’être vivant,
seulement de l’eau bouillie. Imagine maintenant une situation où il serait
impossible à Nigantha d’obtenir de l’eau chaude pendant plusieurs jours. Se
refusant à boire de l’eau fraîche pour s’en tenir à ses principes, ce serait pour
lui la mort assurée, n’est-ce pas ? » « Ce serait la mort assurée »,
confirma Upali. « Ecoute bien, Upali. Tu m’as dit que les actions
physiques sont les plus importantes, mais pourquoi ton maître
mourrait-il ? Parce qu’il aurait résolu de ne pas boire d’eau fraîche. Cette
résolution est-elle mentale ou physique ? » « Elle est
mentale », admit Upali.
Ainsi le Bouddha prouva que les activités mentales sont plus
importantes que les activités physiques car celles-ci prennent leur origine
dans l’esprit. C’est dans l’esprit que l’on peut prendre la résolution de ne
pas boire d’eau fraîche et que l’on meurt. Le Bouddha donna plusieurs autres
exemples similaires et prouva que les activités mentales sont plus importantes
que les activités physiques parce que tout
commence dans l’esprit.
Dans la méditation, nous allons à l’intérieur de l’esprit voir
ce qui s’y passe. Nous ne faisons pas une simple analyse des phénomènes — ce
serait infini car ces microphénomènes sont innombrables, apparaissant à chaque
instant dans notre corps et notre esprit — et nous serions facilement emportés par
notre connaissance analytique. Le Bouddha nous a recommandé d’être conscients
de ce qui se passe dans l’esprit en relation avec nos yeux, nos oreilles, notre
nez, notre langue, notre corps et notre esprit — ces six bases des sens qui constituent
notre monde. Les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et l’esprit
interagissent avec leurs objets externes respectifs, c’est-à-dire les formes,
les sons, les odeurs, les saveurs, les contacts physiques et les pensées. Dans
ce monde qui est le nôtre, nous devons observer ce qui se passe dans notre
esprit quand ces interactions se produisent. Si, au contraire, nous persistons
à vouloir pratiquer l’analyse, nous engendrerons une prolifération conceptuelle
sans fin, perdus dans d’innombrables pensées, comme le feraient un philosophe,
un psychologue, un mathématicien ou un physicien en développant concept après
concept.
Dans le Madupindika Sutta,
le Bouddha explique : « Bhikkhu, quand un objet visuel entre en
contact avec l’œil, la conscience visuelle apparaît ; à partir de cette
conscience visuelle, la sensation apparaît, plaisante, déplaisante ou neutre ;
à partir de cette sensation, la reconnaissance et la perception apparaissent ;
à partir de la reconnaissance et la perception, la pensée apparaît et nous
commençons à multiplier nos pensées à l’infini.»
En fonction des choses que nous avons pensées, vues, entendues,
senties, goûtées et touchées, nous allons être entraînés dans des réflexions
sans fin sur le passé, le présent et le futur. Il y a eu, il y a et il y aura
tellement de contacts sensoriels que nous pouvons passer notre vie entière à
penser. C’est sans fin et où cela nous mène-t-il ? Développons-nous notre
vision intérieure ? Où en est notre développement intérieur ? Nous ne
faisons que développer la prolifération conceptuelle, la multiplication des
pensées. Nos pensées se multiplient à
l’infini comme les cellules d’un ovule fécondé se multiplient et prolifèrent.
Dans la méditation de l’attention, nous ne nous laissons pas entraîner dans ce
type de prolifération conceptuelle. Au contraire, nous restons conscients de
l’impermanence. Quelle que soit la
quantité des choses vues dans le passé, elles sont toutes impermanentes ;
tout ce qui se passe maintenant est impermanent ; tout ce qui arrivera
dans le futur sera aussi impermanent. Tout ce que nous avons vu, entendu,
senti, goûté, touché et pensé dans le passé, est parti. Tout ce que nous
voyons, entendons, sentons, goûtons, touchons et pensons maintenant, s’en va.
Tout ce que nous verrons, entendrons, sentirons, goûterons, toucherons et
penserons dans le futur, va disparaître. Si nous le reconnaissons, nous sommes
dans la pratique de l’attention et nous allons réduire notre attachement, notre
aversion, notre ignorance, notre ego, notre égoïsme, notre fierté et notre
jalousie.
En voyant l’impermanence, nous prenons conscience de l’inutilité
de l’attachement, de l’inutilité de l’aversion comme de l’orgueil et nous en
venons ainsi à pratiquer le renoncement, nekkhammasañkappa.
Pour arriver au lâcher-prise, nissarana,
il nous faudra voir la réalité mais, avant de voir la réalité, il y a une dernière
étape : nibbidã,
le
désenchantement ou désintérêt. Les mots
« désenchantement » et
« désintérêt »
ont une connotation négative dans notre monde. Ils donnent
l’image d’une
personne sans espoir, qui a renoncé. Mais il ne s’agit pas
de cela : le
désenchantement naît de la vision intérieure, de la
compréhension et de la
connaissance. Il faut être devenu très sage pour que le
désenchantement apparaisse. Le Bouddha a donné l’exemple d’un
petit enfant qui fait un château de sable sur la plage : pour lui, c’est
un vrai château. De même, nous avons tous vu des enfants jouer à faire la cuisine
avec une dînette ; ensuite, s’ils veulent nous faire goûter, nous faisons semblant
de manger pour leur faire plaisir car, dans l’esprit des enfants, c’est de la
vraie nourriture. Mais, quand ils grandissent, ils abandonnent tout cela par « désenchantement »,
parce qu’ils ont compris, ils ont mûri.
Il
en va de même pour nous : nous voyons quelque chose et
puis, grâce au développement de la vision
intérieure, nous nous rendons compte
de l’impermanence de cet objet. C’est la sagesse qui
apparaît en nous. Voilà un
mot très important à comprendre dans les enseignements du
Bouddha : la
sagesse. La sagesse, c’est voir les Quatre Nobles
Vérités, voir : je suis
libre, je n’ai pas d’obligations, pas de
responsabilités, pas d’avidité, pas de
haine — voir tout cela est la sagesse. Le Bouddha a dit :
« A quoi
sert de creuser un puits quand l’eau est disponible
partout ? » De
même, quand le désir a été
complètement éradiqué, à quoi sert de
chercher encore
et encore ? Nous cherchons pour satisfaire notre avidité,
nos besoins,
mais quand il n’y a plus ni avidité ni besoin, pourquoi
chercher ? Quand
nous atteignons cette compréhension, cette sagesse, le
désenchantement
apparaît. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est en
laissant aller, en
lâchant prise, que nous obtenons tout, alors qu’en
accumulant nous perdons
tout. Nous pratiquons, développons et cultivons
l’impermanence et nous
atteignons la permanence (nibbana).
En voyant l’insatisfaction, la douleur, la souffrance, nous arrivons à l’état au-delà
de la souffrance. En pratiquant la méditation sur la mort (marana), nous atteignons l’état au-delà de la mort (amara). Ces paradoxes sont pleins de
sens.
En pratiquant l’attention, nous observons nos propres états
mentaux. Par le lâcher-prise, nous obtenons tout ce qu’il nous faut pour
trouver la paix et le bonheur. Mes amis, la pratique de l’attention, la
méditation de la vision intérieure, cette méditation enseignée par le Bouddha,
nous permet de retirer toutes les impuretés mentales, couche après couche,
jusqu'à ce que nous ayons atteint la pureté parfaite, la paix et l’harmonie. Une
analyse pure et simple ne nous permettra jamais d’atteindre cela.
Il ne me reste qu’à vous encourager à méditer. J’espère que vous allez prendre plaisir à votre pratique — pas le plaisir que vous prendriez à aller à une soirée … qui ne vous apporterait qu’agitation et fatigue ! La pratique de la méditation, elle, va vous rafraîchir, vous apaiser, vous apporter le bien-être et le bonheur.