LUANG
POR, VÉNÉRABLE PÈRE
Poème composé par Ajahn Jayasaro, en hommage à Ajahn Chah,
son maître bien-aimé, trois ans après la mort de celui-ci.
Traduit par Jeanne Schut.
Vous
étiez une fontaine d’eau fraîche
sur
la place d’une ville poussiéreuse,
et
vous étiez la source de cette eau
Sur
un sommet invisible, là-haut.
Vous
étiez, Luang Por, cette montagne inamovible
mais
vue de différentes perspectives.
Luang
Por, vous n’étiez jamais une personne
vous
étiez toujours le même.
Vous
étiez l’enfant qui rit
des
habits neufs de l’Empereur et des nôtres.
Vous
étiez l’exigence d’un éveil,
le
miroir de nos erreurs – férocement bon.
Luang
Por, vous étiez
l’essence
des textes étudiés
le
guide de notre pratique,
la
preuve de son efficacité.
Vous
étiez
un
feu de joie étincelant
par
une nuit de froid et de vent
Comme
vous nous manquez !
Luang
Por, vous étiez
le
solide pont de pierre dont nous avions rêvé.
A
l’aise dans l’instant présent
comme
dans votre domaine de tout temps.
Luang
Por, vous étiez
la
pleine lune resplendissante que nos nuages parfois cachaient.
Vous
étiez l’arbre de fer, l’arbre banyan et l’arbre bodhi :
Por-Mae-Khrooba-Ajahn
Luang
Por, vous étiez
un
lotus tout frais sorti de l’eau
dans
un univers
de
fleurs artificielles.
Pas
une fois, vous ne nous avez égarés.
Vous
étiez un phare
pour
nos fragiles radeaux
sur
la mer agitée.
Luang
Por, vous êtes
au-delà
de tout éloge et de tout portrait.
Humblement,
je pose ma tête
sous
vos pieds.
Avril 1995.
Ce poème est publié dans "Vertu et Méditation", les Enseignements d'Ajahn Chah" (Ed. SULLY)