Le Dhamma de la Forêt



Conscience de la réalité et bienveillance

Ajahn Jayasaro

Traduit par Jeanne Schut
http://www.dhammadelaforet.org/



La vie humaine progresse depuis la naissance à travers le processus de vieillissement jusqu'à la vieillesse, la maladie et la mort. Mais le fait est que nous préférons l’oublier la plupart du temps.

Ne pas réfléchir à ces choses affecte nos valeurs, nos intérêts et les choses auxquelles nous accordons de l’importance. Ce que nous aimons ou détestons est conditionné par l’absence de conscience de notre mortalité. Nous agissons comme si nous allions vivre mille ans. Pourtant, c'est en nous souvenant que la mort existe que chacune de nos actions prend du sens et de la dignité.

Si nous savons à quel point notre vie humaine est courte, fragile et précieuse, nous voyons que nous n'avons pas le temps de nous abandonner à des humeurs et des émotions mesquines, des jalousies et des aversions stupides. Lorsque nous oublions notre mortalité, nous permettons à ce genre de pensées d'envelopper complètement notre esprit au point de fausser notre conscience de ce qui est important et ce qui ne l'est pas.

En tant qu'êtres humains, nous avons la capacité de nous arrêter, de regarder, d'apprendre de notre expérience et d’atteindre une pleine réalisation de la réalité. Cette vie humaine est très précieuse, nous pouvons l'utiliser pour transcender toute souffrance et tout le cycle des renaissances. Cela exige d’accorder beaucoup de soin et d'attention à la façon dont nous agissons envers le monde matériel, à la façon dont nous agissons dans l'univers social où nous vivons, à la façon dont nous utilisons notre esprit, et à la façon dont nous utilisons notre sagesse.

Les enseignements du Bouddha nous proposent un entraînement dans trois domaines : moralité, méditation et sagesse. C'est une éducation qui englobe toutes les actions de notre vie et que nous devons poursuivre jusqu'à notre dernier souffle. Nous devons nous efforcer constamment de parler et d'agir de manière à exprimer bonté, sagesse et compassion, et développer ces nobles qualités dans notre cœur.

Il se peut que, malgré un désir sincère de rendre les autres heureux, de réduire ou d'éliminer leur souffrance, nous soyons incapables d’y parvenir. De plus, si quelqu'un fait preuve d'ingratitude ou de mépris alors que nous essayons de l'aider, cela peut nous blesser. Dans ce cas, nous pouvons demeurer dans l'équanimité en reconnaissant que chacun est responsable de ses actions et né de ses actions ; que nous ne pouvons libérer personne de son kamma . Il ne s’agit pas d’indifférence mais d’une humble reconnaissance de notre impuissance. Il demeure toutefois une vigilance et une générosité fondamentale de cœur. Si l’occasion se présente, nous restons prêts à agir pour le bien et le bonheur de tous.