Sutta Tipaka


 Sevitabbasevitabba Sutta (MN 114

Ce qui doit être cultivé et ce qui ne doit pas être cultivé


Traduit par Jeanne Schut

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roue




1. Ainsi ai-je entendu. A une certaine occasion, le Bouddha vivait à Savatthi, dans le Verger de Jeta, le parc offert par Anathapindika. Là, il s’adressa aux moines en disant :
« Bhikkhus ! » — « Oui, Vénérable », répondirent-ils.

Et le Bouddha dit :

2. « Bhikkhus ! Je vais vous parler de ce qui doit être cultivé et de ce qui ne doit pas être cultivé. Ecoutez et soyez très attentifs à ce que je vais dire. » — « Oui, Vénérable, répondirent les moines.

(Premier exposé) 

3. « Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan corporel : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement corporel est soit d’un type soit de l’autre. Il existe deux types de comportement verbal : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement verbal est soit d’un type soit de l’autre. Il existe deux types de comportement mental : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement mental est soit d’un type soit de l’autre. Il existe deux types de tendances de l’esprit : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute tendance de l’esprit est soit d’un type soit de l’autre.  Il existe deux types d’acquisition de perception : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition de perception est soit d’un type soit de l’autre. Il existe deux types d’acquisition de point de vue : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition de point de vue est soit d’un type soit de l’autre. Il existe deux types d’acquisition d’individualité : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition d’individualité est soit d’un type soit de l’autre. »

(Premier developpement) 

4. Quand ceci fut dit, le Vénérable Sariputta dit au Bouddha :
« Vénérable, voici comment je comprends dans le détail le sens des paroles que vous avez prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail :

5. « Le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan corporel : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement corporel est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, un comportement corporel qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivé. Par contre, un comportement corporel qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivé.

« Et quel type de comportement corporel fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne qui tue des êtres vivants, un meurtrier aux mains tachées de sang, enclin aux coups et à la violence, sans aucune pitié pour les êtres vivants. Quelqu’un qui prend ce qui ne lui a pas été donné, qui s’approprie par le vol la richesse et les biens d’autrui dans les villages comme dans les forêts. Quelqu’un qui se vautre dans les plaisirs sensoriels ; il séduit des femmes — alors même qu’elles sont sous la protection de leur mère, de leur père, de leurs parents, de leur frère, de leur sœur ou de leur famille, qu’elles ont un époux, qu’elles sont protégées par la loi — et même celles qui sont ornées de guirlandes pour leurs fiançailles. Un tel comportement corporel fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.


« Et quel type de comportement corporel fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne cesse de tuer des êtres vivants et s’abstient dorénavant de tuer des êtres vivants ; bâton et arme déposés, avec douceur et gentillesse, il demeure plein de compassion pour tous les êtres vivants. Cessant de prendre ce qui ne lui a pas été donné, il s’abstient dorénavant de prendre ce qui ne lui est pas donné ; il ne s’approprie pas, par le vol, la richesse et les biens d’autrui dans les villages comme dans les forêts. Abandonnant les plaisirs sensoriels dépravés, il s’abstient dorénavant de se vautrer dans les plaisirs sensoriels ; il ne séduit pas les femmes qui sont sous la protection de leur mère, de leur père, de leurs parents, de leur frère, de leur sœur ou de leur famille, qui ont un époux, qui sont protégées par la loi, non plus que celles qui sont ornées de guirlandes pour leurs fiançailles. Un tel comportement corporel fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.

« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan corporel : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement corporel est soit d’un type soit de l’autre.’

6. « Le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan verbal : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement verbal est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, un comportement verbal qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivé. Par contre, un comportement verbal qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivé.

« Et quel type de comportement verbal fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple quelqu’un qui dit des mensonges. Quand il est appelé à témoigner devant un tribunal ou lors d’une réunion, ou en présence de sa famille, de ses compagnons ou de la famille royale et qu’on lui demande : ‘Eh bien, brave homme, dis-nous ce que tu sais’, sans rien savoir il dira : ‘Je sais’, ou bien sachant il dira : ‘Je ne sais pas’ ; sans rien voir il dira : ‘Je vois’, ou bien voyant il dira : ‘Je ne vois pas’. Il dit des mensonges en toute conscience à ses propres fins ou aux fins d’un autre ou à quelques fins mondaines insignifiantes. Il parle avec malveillance ; il répète quelque part ce qu’il a entendu ailleurs pour créer un schisme entre ces personnes-là et celles-ci, ou bien il répète à ces personnes-ci ce qu’il a entendu ailleurs pour créer un schisme entre elles. C’est donc quelqu’un qui divise ceux qui sont unis, quelqu’un qui crée des schismes, qui aime la discorde, se réjouit de la discorde, se complaît dans la discorde ; quelqu’un qui prononce des paroles qui engendrent la discorde. Il parle durement, prononce des paroles brutales, dures, blessantes pour les autres, offensantes pour les autres, à la limite de la colère, des paroles qui ne peuvent conduire à l’harmonie. C’est un médisant ; il parle au mauvais moment, affirme des choses sans fondement réel, parle pour ne rien dire, parle à l’encontre du Dhamma et de la Discipline. Il prononce au mauvais moment des paroles qui n’ont ni valeur, ni raison ni modération et qui sont néfastes. Un tel comportement verbal fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.


« Et quel type de comportement verbal fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple quelqu’un cesse de dire des mensonges et s’abstient dorénavant de dire des mensonges. Quand il est appelé à témoigner devant un tribunal ou lors d’une réunion, ou en présence de sa famille, de ses compagnons ou de la famille royale et qu’on lui demande : ‘Eh bien, brave homme, dis-nous ce que tu sais’, s’il ne sait rien il dira : ‘Je ne sais pas’, ou bien s’il sait il dira : ‘Je sais’ ; s’il n’a rien vu il dira : ‘Je n’ai pas vu’, ou bien s’il a vu il dira : ‘J’ai vu’. Il ne dit pas des mensonges en toute conscience à ses propres fins ou aux fins d’un autre ou à quelques fins mondaines insignifiantes. Il cesse de parler avec malveillance et s’abstient désormais de parler avec malveillance ; il ne répète pas quelque part ce qu’il a entendu ailleurs pour créer un schisme entre ces personnes-là et celles-ci ; il ne répète pas non plus à ces personnes-ci ce qu’il a entendu ailleurs pour créer un schisme entre elles. C’est donc quelqu’un qui réconcilie ceux qui sont divisés, quelqu’un qui encourage l’amitié, qui aime l’harmonie, se réjouit de l’harmonie, se complaît dans l’harmonie ; quelqu’un qui prononce des paroles qui encouragent l’harmonie. Il cesse de parler durement et s’abstient dorénavant de parler durement ; il prononce des paroles plaisantes, agréables à entendre et aimables qui vont droit au cœur des gens, des paroles courtoises, des paroles que beaucoup espèrent et bonnes pour beaucoup. Il cesse de médire et s’abstient dorénavant de médire; il parle au moment opportun, affirme des choses fondées, parle de ce qui est bien, il parle du Dhamma et de la Discipline. Il prononce au bon moment des paroles qui méritent d’être retenues, raisonnables et modérées et qui sont bénéfiques. Un tel comportement verbal fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.

« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan verbal : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement verbal est soit d’un type soit de l’autre.’

7. « Le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan mental : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement mental est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, un comportement mental qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivé. Par contre, un comportement mental qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivé.
« Et quel type de comportement mental fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne cupide qui convoite la richesse et les biens d’autrui, et qui se dit : ‘Oh ! Si seulement je pouvais posséder ce qui appartient aux autres !’ Ou bien, l’esprit plein de mauvaises intentions et de haine , elle se dit : ‘J’aimerais que ces personnes soient tuées et massacrées ; j’aimerais qu’elles soient décapitées, qu’elles périssent ou qu’elles soient annihilées ! » Un tel comportement mental fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« Et quel type de comportement mental fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne qui n’est pas cupide, qui ne convoite pas la richesse et les biens d’autrui, et qui ne se dit pas : ‘Oh ! Si seulement je pouvais posséder ce qui appartient aux autres !’ Son esprit n’a aucune mauvaise intention ni haine, elle se dit : ‘Puissent ces personnes être libres de tout inimitié, affliction et anxiété ! Puissent-elles prendre soin d’elles-mêmes avec bonheur ! » Un tel comportement mental fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur le plan mental : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement mental est soit d’un type soit de l’autre.’

8. « Le Bouddha a dit : ‘Il existe deux types de tendances de l’esprit : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute tendance de l’esprit est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, une tendance de l’esprit qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivée. Par contre, une tendance de l’esprit qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et quel type de tendance de l’esprit fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne est cupide et son l’esprit est complètement pénétré de cupidité. Elle est de mauvaise volonté et son esprit est complètement pénétré de mauvaise volonté. Elle est cruelle et son esprit est complètement pénétré de cruauté. Une telle tendance de l’esprit fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« Et quel type de tendance de l’esprit fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne est libre de toute cupidité et son esprit est complètement détaché de toute cupidité. Elle est sans mauvaise volonté et son esprit est complètement détaché de toute mauvaise volonté. Elle est sans cruauté et son esprit est complètement détaché de toute cruauté (1). Une telle tendance de l’esprit fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types de tendances de l’esprit : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute tendance de l’esprit est soit d’un type soit de l’autre.’

9. « Le Bouddha a dit : ‘Il existe deux types d’acquisition de perception : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute d’acquisition de perception est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, une acquisition de perception qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivée. Par contre, une acquisition de perception qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et quel type d’acquisition de perception fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne est cupide et sa perception est complètement pénétrée de cupidité. Elle est de mauvaise volonté et sa perception est complètement pénétrée de mauvaise volonté. Elle est cruelle et sa perception est complètement pénétrée de cruauté. Une telle acquisition de perception fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« Et quel type d’acquisition de perception fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple une personne est libre de toute cupidité et sa perception est complètement détachée de toute cupidité. Elle est sans mauvaise volonté et sa perception est complètement détachée de toute mauvaise volonté. Elle est sans cruauté et sa perception est complètement détachée de toute cruauté. Une telle acquisition de perception fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types d’acquisition de perception : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition de perception est soit d’un type soit de l’autre.’

10. « Le Bouddha a dit : ‘Il existe deux types d’acquisition de point de vue : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition de point de vue est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, une acquisition de point de vue qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivée. Par contre, une acquisition de point de vue qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et quel type d’acquisition de point de vue fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple quelqu’un voit les choses ainsi : ‘Il n’y a rien qui soit donné, rien qui soit offert, rien qui soit sacrifié. Il n’y a pas de fruit ni de résultat des bonnes et des mauvaises actions. Il n’y a pas ce monde et pas d’autre monde. Il n’y a pas de mère et pas de père. Il n’y a pas d’êtres qui renaissent spontanément. Il n’y a pas de bons et vertueux ascètes et brahmines de par le monde qui se sont éveillés par eux-mêmes et par connaissance directe et qui déclarent que ce monde et l’autre monde existent.’ Une telle acquisition de point de vue fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« Et quel type d’acquisition de point de vue fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Par exemple quelqu’un voit les choses ainsi : ‘Il y a ce qui est donné, ce qui est offert et ce qui est sacrifié. Il y a le fruit et le résultat des bonnes et des mauvaises actions. Il y a ce monde et l’autre monde. Il y a mère et père. Il y a des êtres qui renaissent spontanément. Il y a de bons et vertueux ascètes et brahmines de par le monde qui se sont éveillés par eux-mêmes par connaissance directe et qui déclarent que ce monde et l’autre monde existent.’ Une telle acquisition de point de vue fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types d’acquisition de point de vue : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition de point de vue est soit d’un type soit de l’autre.’

11. « Le Bouddha a dit : ‘Il existe deux types d’acquisition d’individualité : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition d’individualité est soit d’un type soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

 « Vénérable, une acquisition d’individualité qui fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait pas être cultivée. Par contre, une acquisition d’individualité qui fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et quel type d’acquisition d’individualité fait accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Quand une personne cultive une acquisition de personnalité qui est sujette à l’affliction, les états malsains augmentent et les états bénéfiques diminuent chez elle, ce qui l’empêche d’atteindre l’extinction [le nirvana].
« Et quel type d’acquisition d’individualité fait décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ? Quand une personne cultive une acquisition de personnalité qui est libre de toute affliction, les états malsains diminuent et les états bénéfiques augmentent chez elle, ce qui lui permet d’atteindre l’extinction.
 « C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus, il existe deux types d’acquisition d’individualité : l’un qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute acquisition d’individualité est soit d’un type soit de l’autre.’

12. « Vénérable, c’est ainsi que je comprends dans le détail le sens des paroles que vous avez prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail.


(Première approbation et recapitulation) 

13. « Bien, bien, Sariputta ! Il est bon que tu comprennes ainsi dans le détail le sens des paroles que j’ai prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail.

14-20 (Dans ces paragraphes, le Buddha répète textuellement les § 5 à 11.) 


21. « Sariputta, le sens détaillé de mes paroles que je n’ai pas exposé dans le détail devrait être considéré ainsi.

(Second exposé) 

22. « Sariputta, je dis que les formes connaissables par l’œil sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les sons connaissables par l’oreille sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les odeurs connaissables par le nez sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les saveurs connaissables par la langue sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les objets tangibles connaissables par le corps sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les objets mentaux connaissables par l’esprit sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. »


(Second développement) 

23. Quand ceci fut dit, le Vénérable Sariputta dit au Bouddha :
« Vénérable, voici comment je comprends dans le détail le sens des paroles que vous avez prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail :

24. « Le Bouddha a dit : ‘Sariputta, je dis que les formes connaissables par l’ œil sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, les formes connaissables par l’œil qui font accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devraient pas être cultivées. Par contre, les formes connaissables par l’œil qui font décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devraient être cultivées.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Sariputta, je dis que les formes connaissables par l’oeil sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’

25. « Je dis que les sons connaissables par l’oreille sont de deux types …


26. « Je dis que les odeurs connaissables par le nez sont de deux types …


27. « Je dis que les saveurs connaissables par la langue sont de deux types …


28. « Je dis que les objets tangibles connaissables par le corps sont de deux types …


29. « Le Bouddha a dit : ‘Sariputta, je dis que les objets mentaux connaissables par l’esprit sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, les objets mentaux connaissables par l’esprit qui font accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devraient pas être cultivés. Par contre, les objets mentaux connaissables par l’esprit qui font décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devraient être cultivés.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Les objets mentaux connaissables par l’esprit sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’

30. « Vénérable, c’est ainsi que je comprends dans le détail le sens des paroles que vous avez prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail. »


(Seconde approbation et recapitulation) 

31. « Bien, bien, Sariputta ! Il est bon que tu comprennes ainsi dans le détail le sens des paroles que j’ai prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail.

32-37  (Dans ces paragraphes, le Buddha répète textuellement les § 24 à 29.) 


38. « Sariputta, le sens détaillé de mes paroles que je n’ai pas exposé dans le détail devrait être considéré ainsi.


(Troisieme exposé) 

39. « Sariputta, je dis que les vêtements des moines sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que la nourriture offerte aux moines est de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les lieux où vivent les moines sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les villages sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les villes sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les grandes cités sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les régions sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je dis que les personnes sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé. »

40. Quand ceci fut dit, le Vénérable Sariputta dit au Bouddha :

« Vénérable, voici comment je comprends dans le détail le sens des paroles que vous avez prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail :

41. « Le Bouddha a dit : ‘Sariputta, je dis que les vêtements des moines sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, les vêtements de moine qui font accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devraient pas être cultivées. Par contre, les vêtements de moine qui font décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devraient être cultivés.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Sariputta, je dis que les vêtements de moine sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’

42. « Je dis que la nourriture offerte aux moines est de deux types …


43. « Je dis que les lieux où vivent les moines sont de deux types …


44. « Je dis que les villages sont de deux types …


45. « Je dis que les villes sont de deux types …


46. « Je dis que les grandes cités sont de deux types …


47. « Je dis que les régions sont de deux types …


48. « Le Bouddha a dit : ‘Je dis que les personnes sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’ A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?

« Vénérable, s’associer avec des personnes qui font accroître les états malsains et décroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive ne devraient pas être cultivé. Par contre, s’associer avec des personnes qui font décroître les états malsains et accroître les états bénéfiques chez celui qui les cultive devraient être cultivé.
« C’est en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit : ‘Je dis que les personnes sont de deux types : l’un qui doit être cultivé et l’autre qui ne doit pas être cultivé.’

49. « Vénérable, c’est ainsi que je comprends dans le détail le sens des paroles que vous avez prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail. »


(Troisième approbation et recapitulation) 

50. « Bien, bien, Sariputta ! Il est bon que tu comprennes ainsi dans le détail le sens des paroles que j’ai prononcées brièvement sans en exposer le sens dans le détail.

51-58 (Dans ces paragraphes, le Buddha répète textuellement les § 41 à 48.)


59. « Sariputta, le sens détaillé de mes paroles que je n’ai pas exposé dans le détail devrait être considéré ainsi.


(Conclusion) 

60. « Sariputta, si tous les nobles comprenaient ainsi dans le détail le sens des paroles que j’ai exposé brièvement, cela les mènerait au bien-être et au bonheur pendant longtemps. Si tous les brahmines … tous les marchants … tous les travailleurs comprenaient ainsi dans le détail le sens des paroles que j’ai exposé brièvement, cela les mènerait au bien-être et au bonheur pendant longtemps. Si le monde — avec ses dieux, ses Mara et ses Brahma, cette génération et tous ses ascètes et brahmines, tous ses princes et ses gens — comprenait ainsi dans le détail le sens des paroles que j’ai exposé brièvement, cela mènerait au bien-être et au bonheur du monde pendant longtemps. »
Ainsi parla le Bouddha. Le Vénérable Sariputta fut satisfait et se réjouit grandement des paroles du Bouddha.

 

(1) Tandis que la convoitise et la mauvaise volonté décrites au §7 possèdent la force d’un plein courant d’action (kammapatha), dans cette section sur la tendance de l’esprit (cittuppāda) elles sont présentées dans leur état embryonnaire, seulement comme des prédispositions qui n’ont pas encore éclaté en désirs obsessionnels.