Le Dhamma de la Forêt |
Ce matin, après la méditation, je suis entré dans le salon et j'ai vu Maxine en train de lire un journal. Elle m'a dit qu’en général elle ne lisait pas les journaux à cause des émotions que cette lecture provoquait en elle. Et je suis d'accord. Quand on lit les journaux, on absorbe généralement des informations déprimantes qui affectent la conscience. Si on nous met dans la tête toutes les horreurs, tous les scandales et toutes les corruptions du monde, cela nous touche automatiquement – ceci n'est qu'une observation, une réflexion. Donc, si nous lisons des ragots ou de mauvaises nouvelles, nous éprouvons une sorte de malaise rien qu’à la pensée des choses horribles qui se passent dans le monde. Néanmoins, nous pouvons toujours réfléchir au fait que « c’est ainsi ». En prenant conscience de cette manière, nous cessons d'en vouloir au monde de ne pas toujours ressembler à la statue d’un Bouddha ou de ne pas être un paradis serein où tout serait agréable – parce que ce n'est pas ainsi que sont les choses. Il y a beaucoup de choses dans le monde qui sont déplaisantes ; nous vivons des événements qui peuvent être bouleversants, déprimants ou désagréables.
Il ne faudrait pas non plus devenir un « accro aux retraites », un méditant obsessionnel, dont toute l’attitude dit : « Fichez-moi la paix. Je ne veux rien savoir. Je ne veux pas faire partie de ce monde parce qu'il me perturbe trop. » Si vous êtes trop attaché à la tranquillité, vous devenez un maniaque du contrôle; vous avez besoin de contrôler tout ce qui vous entoure. Mais la capacité de réflexion vous ramène au présent, bien sûr. En faisant confiance à « ce qui sait » en vous, vous commencez à prendre conscience d’un état de paix qui vous accompagne en permanence, sans pour autant devoir atténuer les stimulations sensorielles. C’est alors que vous voyez le Dhamma ; vous entrez en contact avec ce que l'on pourrait appeler votre « véritable nature » ou la « nature de Bouddha » – ce dont la plupart des gens ne sont pas vraiment conscients. Bien sûr, il est possible de vivre de tels moments en limitant les contacts sensoriels. On peut aussi éprouver un sentiment d'unité, de paix et de calme, et l'attribuer à la technique de méditation que l’on pratique, à un environnement particulier ou à l'absence d’obstacles gênants. Cependant, si vous croyez que vous ne pouvez éprouver un sentiment d'unité qu'en privant vos sens de contacts trop agressifs, vous allez vouloir tout contrôler, vous serez tenté d'éviter tout ce qui est dur ou désagréable. C’est la conclusion logique.
Pourtant, plus vous développez la vision pénétrante et la sagesse, plus vous réalisez que, être face au Bouddha ou face aux gens n'a pas vraiment d'importance, parce que le Dhamma – ce sentiment de paix et de calme – est toujours là, une fois que vous l’avez reconnu ! Et rien ne peut le détruire, pas même des situations dures ou horribles ; il est toujours là. Ce n'est pas quelque chose que vous créez en tranquillisant l’esprit ou à travers une quelconque technique. C'est une réalité que nous avons tendance à négliger lorsque nous réagissons trop fortement aux contacts sensoriels, ou que nous aimons ou détestons ce qui nous arrive.