Le Dhamma de la Forêt |
Pour ceux qui
pratiquent le Dhamma, la vie est un moment propice à la contemplation et à la
réflexion sur ce qui est. Même la mort des personnes qui nous sont chères fait
partie de notre contemplation. Nous acceptons le fait que naître signifie que
nous devrons un jour être séparés les uns des autres, que nous verrons mourir
ceux que nous connaissons et que nous finirons tous par mourir. Donc cet
engagement dans la vie et la mort fait pour nous partie du Dhamma. C’est ce qui
est et il n’y a rien de mal à cela.
Notre
société refuse d’accepter la mort et de la considérer vraiment en profondeur.
Nous sommes tellement impliqués dans la vie, à essayer de tout rendre beau et
bien pendant qu’elle dure, que nous avons tendance à faire abstraction du final
— de sorte que nous n’y sommes absolument pas préparés. Si on réfléchit aux
moments les plus importants de la vie, on réalise que ce sont la naissance et
la mort. L’idée de la naissance, de voir venir des bébés au monde, est chère au
cœur des gens ; mais l’idée de la mort est déroutante. Que se passe-t-il
quand quelqu’un meurt ? Qu’est-ce que cela signifie ?
La
perception même de la mort nous laisse dans un état d’incertitude. Qu’est-il
advenu de cette personne que nous percevions auparavant comme étant
vivante ? Où est-elle allée ? Est-elle allée quelque part ou bien la
mort signifie-t-elle sombrer dans l’oubli ? Paradis, enfer, oubli … Qui
peut savoir ?
Ce
que nous savons, c’est que nous ne savons pas. Nous savons que nous sommes
encore en vie, que nous ne sommes pas encore morts et que nous ne savons pas ce
qui se passe quand quelqu’un meurt. Cela peut paraître insignifiant mais c’est
très important parce que, ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c’est
qu’ils ne savent pas. Au lieu de cela, certains vont croire n’importe quoi,
vont accepter n’importe quelle conjecture ou idée bizarre.
Ce que nous
enseigne la méditation, c’est la façon de mourir avant la mort du corps. Plus
que toute autre chose, c’est une façon de mourir avant la mort et de mourir à
la mort, de sorte que, pour le dire poétiquement, la mort est morte. Par
« mort », j’entends cette perception que nous en avons dans l’esprit.
Si la perception de la mort est prise personnellement, nous avons peur parce
que nous croyons que nous allons mourir. La perception de quelqu’un de vivant
est basée sur la vision selon laquelle ce corps est à moi et je suis ce corps …
de sorte que la perception de la mort est effrayante. Nous vivons dans un monde
d’angoisse et de peur par rapport à la mort du corps, la séparation d’avec les
êtres chers, le mystère de ce qui se produit quand nous mourons. Nous nous
demandons : « Vaut-il la peine d’être bon, de suivre des préceptes
moraux et d’être gentil ? Ou devrions-nous ne pas nous en préoccuper
puisque cela importe peu ? Cet univers est-il sans principes moraux de
sorte que l’on peut tuer et voler, mentir et tricher parce que cela n’importe
pas vraiment ? Après la mort, y a-t-il simplement l’oubli ou bien nos actions
dans ce corps humain influencent-elles ce qui va se passer après ? »
Nous pourrions imaginer des réponses à ces questions jusqu’à notre dernier
souffle !
Le
Bouddha, quant à lui, n’a pas émis de conjectures à propos de la vie et de la
mort mais il a souligné « ce qui est » dans notre expérience de la
vie — et c’est le sens de la méditation. La méditation est une recherche, un
examen, un regard profond sur les choses telles qu’elles sont. Nous étudions ce
qu’est le corps, ce que sont nos sentiments et ce qui nous apporte la joie et
la sérénité. Nous voyons par nous-mêmes ce que sont réellement le désir et
l’attachement et nous observons les conditions apparaître et disparaître.
Mourir
avant la mort signifie permettre à ce qui est apparu de disparaître. Cet
enseignement se rapporte à l’esprit car il est bien évident que nous laisserons
le corps mourir quand il sera temps pour lui de mourir. Si le corps doit vivre
une minute de plus ou cinquante ans de plus, c’est son affaire. Nous ne sommes
pas pressés de mourir et nous n’essayons pas non plus de prolonger la vie plus
que nécessaire. Nous laissons ce corps vivre le temps qu’il doit vivre parce
qu’il n’est pas nous, il ne nous appartient pas. Quelle que soit la durée de
vie de ce corps, ce sera bien. De toute façon, il n’est pas à moi. Par contre,
pendant qu’il est encore vivant, l’occasion existe de mourir avant la
mort : de mourir à l’ignorance et à l’égoïsme ; de mourir à la
convoitise, à l’aversion et aux concepts erronés ; de laisser tout cela
mourir ; de laisser tout cela passer et puis disparaître. Ainsi on observe
la mort telle qu’elle se produit, comme la fin, la cessation de ces choses que
nous avions tendance à prendre pour nous-mêmes mais qui ne sont en réalité que
de simples conditions mortelles.
Les
êtres humains ont tendance à interpréter toute forme de convoitise, d’aversion
et d’ignorance comme quelque chose de personnel. Nous nous disons :
« Je suis gourmand, je suis en colère, je n’y comprends rien. Et si je
suis, vous êtes aussi. » Ainsi la conviction « je suis / tu es »
crée l’illusion d’être une personne. Mais qu’est-ce qu’une personne ? Qu’est-ce
que le soi ? Qu’est-ce réellement ? Nous pouvons observer la peur
d’abandonner notre personnalité quand une pensée s’insinue en nous :
« Si mon monde ne tourne plus autour de moi, que va-t-il rester ? Je
vais me dissoudre et disparaître dans la vacuité. Si je ne me crée pas beaucoup
de kamma — en ayant une névrose
intéressante, en allant chez des psychiatres, en passant des heures à parler de
mes peurs et de mes angoisses, en me créant des liens émotionnels —, que
va-t-il se passer ? » Nous voyons alors combien nous avons peur de
lâcher notre « personne ».
Les
relations familiales en sont un bon exemple. Si vous avez des enfants, vous
vous direz peut-être : « Mais comment ne pas être attaché à mes
enfants ? » Il ne s’agit pas de jeter vos enfants dans le cratère
d’un volcan pour vous convaincre que vous n’y êtes pas attaché ! Mourir à
l’égoïsme, laisser l’égoïsme mourir, ne signifie pas que vous n’aimez pas vos
enfants. Cela signifie que vous n’êtes plus attaché à la perception de
vous-même en tant que quelqu’un dont le bonheur dépend de la certitude que ces
enfants sont bien à vous, qu’ils vous aiment, qu’ils ne peuvent pas vivre sans
vous et que vous ne pouvez pas vivre sans eux. On peut créer un piège gluant de
concepts erronés à propos des enfants. Nous appelons cela « aimer ses
enfants » alors qu’en réalité ce soi-disant amour est pris dans un filet
d’attachement et d’ignorance. Très peu d’amour peut émerger réellement de cette
sorte de relation.
Donc
« amour » ne signifie pas « attachement ». Aimer, c’est
être capable de voir les choses clairement, d’être joyeux et altruiste, de
donner librement et de servir les autres sans y chercher son propre intérêt.
C’est être capable de vivre sans cette idée de « moi » et de
« mien », et sans toute cette forme particulière de souffrance que
nous créons parfois autour de nos parents, de nos enfants, de notre conjoint,
de nos amis — de notre monde.
Peut-être
la mort est-elle le réveil du rêve de la vie. Avez-vous déjà envisagé les
choses sous cet angle ? Vivre avec une image de soi est souvent une mort
vivante, une espèce de souffrance et de peur continue qui s’amoncelle dans
notre esprit. La dépression est une mort ; le désespoir est une
mort ; la peur, le désir et l’ignorance sont une mort. Nous pouvons donc
vivre une mort vivante ou bien nous pouvons mourir à ce type de mort avant la
mort du corps en nous éveillant du rêve de la vie et des images erronées d’un
soi.
Il nous faut
accepter les limites liées au fait que nous soyons nés dans un corps. Il nous
faut supporter l’apparente séparation que cela procure, de même que le
sentiment d’être sans cesse attirés par les objets des sens. Cela fait
simplement partie du kamma de la
naissance. Ce corps étant né, il en est ainsi. Mais nous ne le jugeons pas en
disant qu’il devrait être comme ceci ou comme cela, et nous ne nous
l’approprions pas. Nous nous contentons d’observer. Cela nécessite de
l’attention, cette capacité à observer avec un esprit ouvert pour voir ce qui
est réellement. Ainsi, ce monde sensoriel tel qu’il est, tel que nous en
faisons l’expérience pendant la durée de vie de ce corps, est notre pratique du
Dhamma. Il nous enseigne toujours quelque chose ; il est notre refuge et
notre maître.
Comme
vous le voyez, cette façon de considérer les choses va à l’encontre de
l’attitude dans le monde. La mort est généralement vue comme une tragédie,
quelque chose de terrible et d’effrayant ; on dit même qu’il est morbide
de simplement y penser. Quant à moi, je trouve très important d’y réfléchir
parce que c’est quelque chose qui va m’arriver. La seule certitude que nous
ayons dans la vie est que nous allons mourir un jour. Tous les corps meurent.
La mort de ce corps est l’un des événements importants de cette vie. Dans notre
méditation, nous apprenons comment mourir, nous apprenons comment permettre aux
choses d’évoluer selon leur nature, comment être ouverts, réceptifs et en
harmonie avec ce qui est. Et « ce qui est » inclut tout ce dont nous
faisons l’expérience au cours de la vie, y compris la maladie, le
vieillissement et la mort.
Même
si vous étiez en parfaite santé tout au long de votre vie, cela n’empêcherait
pas le vieillissement et la mort. Donc nous étudions la vieillesse, la maladie
et la mort, pas pour une quelconque raison morbide mais parce que ce sont des
processus dans lesquels nous sommes engagés. Il est ridicule de passer sa vie à
collectionner des papillons ou des miniatures persanes et d’ignorer les
processus fondamentaux de l’existence humaine. Le jour de ma mort, je ne crois
pas qu’un papillon me sera d’une grande consolation ou m’importera beaucoup.
Dans
nos
monastères, nous avons eu plusieurs fois l’occasion
d’accompagner des personnes
en fin de vie. Pour chacun d’eux, ce qui importait, à ce
moment-là, était le
Dhamma. Ils ne se préoccupaient ni de l’argent
qu’ils avaient gagné ni des
choses qu’ils avaient accomplies dans la vie ni de leurs
échecs. Au moment de
la mort, toutes ces choses paraissent complètement
déplacées, sans le moindre
intérêt. Mais ce qui importe, c’est le Dhamma :
la capacité à réfléchir, à
contempler et à méditer sur ce qui est.
Tout
change et évolue à sa manière : la nature du corps et sa façon de
vieillir, les jours, les nuits et les saisons de l’année. Certaines choses
évoluent vite, d’autres lentement mais, en méditation, ce que nous remarquons
c’est cette énergie du changement. Nous cultivons une conscience du changement
dans notre vie, au lieu de simplement passer notre temps à faire des choses et
ensuite nous faire croire que nos réalisations personnelles sont importantes et
pressantes. Si vous vivez ainsi, quand vous serez vieux et sur le point de
mourir, vous ne saurez pas ce qui est arrivé à votre vie ; vous aurez
simplement passé votre temps à attendre que la mort vienne.
L’esprit
contemplatif reste avec ce qui est, avec le mouvement et le changement de
l’énergie. Ce n’est plus moi qui attends la mort ou moi qui passe le temps et
la vie aussi bien que possible. Il y a de l’attention et il y a de
l’approfondissement et les deux nous permettent de voir les choses telles
qu’elles sont. Nous abandonnons les illusions et nous commençons à voir la fin
de la souffrance.
Si
nous ne sommes pas conscients du sens de la vie, nous vivons dans la confusion.
Nous disons : « Pourquoi moi ? Pourquoi dois-je vieillir ?
Pourquoi dois-je avoir de l’arthrite ? Pourquoi dois-je être dans cette
maison de retraite ? Ce n’est pas juste. Si Dieu existait vraiment, il
ferait en sorte que je reste frais comme une rose toute ma vie et que je meure
en parfaite santé. Je m’endormirais simplement et ne me réveillerais pas — pas
de douleur, pas de malheur, pas de choses dégoûtantes. J’aurais une mort
parfaite et je ne serais jamais ni gêné ni une gêne. Je serais toujours aussi
propre, agréable, acceptable et charmant que possible. »
Mais
bien sûr, nous savons ce qui va se passer et ce ne sera pas toujours très
propre ni très joli. Mais c’est le Dhamma, n’est-ce pas ? C’est ce qui
est. Nous commençons à apprécier le Dhamma dans son ensemble — et pas seulement
ses aspects agréables — parce que nous le percevons avec du recul, à travers
l’esprit éveillé et la sagesse, et non plus à travers le « moi ». Le
« moi » dira toujours : « Oh ! Je ne veux pas être une
charge pour les autres ; je ne veux pas perdre le contrôle de mes
intestins. Ce serait terriblement embarrassant. » C’est le point de vue du
« moi » et c’est une souffrance parce que la vie ne va pas dans le
sens que nous souhaiterions. Et même si elle va dans ce sens pour l’instant,
nous nous inquiétons en nous disant : « Et si ça m’arrivait plus
tard ? » Tout va bien maintenant mais tout peut arriver, et cette
seule pensée peut être cause de souffrance.
La
vie est pleine de dangers et le « moi » est toujours en danger. Il
est dangereux d’être égotique — de sorte que la mort du « moi » est
un soulagement : le nibbāna. Le nibbāna est la libération du danger, des
luttes et des conflits, ainsi que de la souffrance que nous créons en croyant à
la réalité du « moi ». Nous vivons dans un monde, dans une société
qui maintiennent cette illusion mais, dans la pratique du Dhamma, nous la
remettons en question. Il ne s’agit pas d’une ruse pour s’en défaire mais d’une
réelle interrogation : « Est-ce vraiment ainsi que sont les
choses ? Est-ce vraiment la réalité ? Où est la vérité ? »
Et nous ne cherchons plus quelqu’un qui viendra nous révéler la vérité parce
que nous savons que nous devons la réaliser par nous-mêmes. La vérité est ici
et maintenant, chacun de nous peut la voir grâce à la pratique de l’attention
et de la sagesse.
Ces dernières
années, quand quelqu’un souffrait d’une maladie incurable dans l’un de nos
monastères, il était soigné par les moines et les nonnes jusqu’à sa mort. Comme
je n’avais jamais fait cela auparavant, cette expérience fut une véritable
révélation pour moi et, en fait, ce fut une expérience pleine de joie.
D’ordinaire, on imagine la mort de manière si négative que l’on se dit :
« Quelqu’un va mourir. Je ne veux pas voir cela. Je ne veux pas aller lui
rendre visite. Je préfère l’éviter. »
Une
Thaïlandaise de quarante-trois ans qui avait un cancer en phase terminale est
venue mourir au monastère. C’était une méditante et elle était tout à fait
ouverte par rapport à sa maladie. Elle a pris les vœux de nonne alors qu’elle
était mourante et les nonnes se sont occupées d’elle. Les moines allaient aussi
parfois lui rendre visite et méditer avec elle.
Quand
ses amis thaïlandais de Londres venaient la voir et me demandaient de ses
nouvelles, je répondais : « Elle va vraiment à merveille. » Ils
disaient : « Oh ! Alors elle va mieux ? » Et ils
étaient surpris quand je répondais : « Non ». Ils ne voyaient
pas à quel point elle était belle et pure dans son état mourant. Ils se
disaient simplement que, si elle allait mourir, c’était terrible. Mais quand on
était avec elle, il n’y avait rien de négatif. Bien sûr, on n’avait pas envie
qu’elle meure, on aurait préféré qu’elle vive et, par conséquent, il y avait
une espèce de tristesse mais ce n’était pas déprimant. Et quand elle est
décédée, la communauté monastique s’en est trouvée fortifiée.
Même si la perception culturelle de la mort a des
connotations négatives, elle n’a rien de déprimant ni d’horrible quand on peut
s’y ouvrir. Etre auprès de quelqu’un qui se meurt peut même être inspirant
quand on encourage cette forme d’ouverture chez le mourant et en soi.
* * *
Question : L’expérience de
la mort est-elle importante dans le bouddhisme Theravada ?
Réponse : Oui, on considère la contemplation
de la mort comme une contemplation de ce qui est, des lois de la nature. Ce que
j’apprécie dans les funérailles en Thaïlande, c’est qu’elles se transforment en
contemplation. On ne se demande pas où se trouve l’âme ; on réfléchit
simplement à ce qu’est la mort de quelqu’un. On regarde le corps et on
contemple un corps mort. On ne projette rien dessus, ni un sentiment de
laideur ni aucun autre sentiment. On a la possibilité de simplement
observer comment on réagit réellement au spectacle de ce corps. Si on n’a
jamais vu de cadavre auparavant et que celui-ci est en train de se décomposer,
on a tendance à se dire : « C’est laid. Je ne supporte pas l’odeur.
Tout cela est horrible. » Mais quand on dépasse ce stade, quand on cesse
de réagir négativement, on s’aperçoit que même la présence d’un cadavre est
plutôt apaisante. C’est un processus naturel de décomposition qui est tout à
fait merveilleux. On découvre que même les aspects de dégénérescence de la
nature font partie de sa perfection. Il n’y a rien de mauvais ou de laid en
dehors de nos propres projections.
Un
jour, je suis allé à un hôpital à Bangkok où on autorise les moines à
contempler les cadavres. Ce jour-là, ils avaient un corps tout bleui trouvé
dans un des canaux de la ville. La mort remontait à une semaine environ ;
le cadavre était vraiment répugnant et putride, gonflé de gaz, avec des vers
qui lui sortaient des yeux. Au premier abord, l’odeur et l’aspect étaient
absolument horribles. La réaction était une totale aversion et un désir de
fuite. Il fallait de la volonté pour s’obliger à s’en approcher. Ensuite il
fallait rester là, debout, et accepter le cadavre pour ce qu’il était, y
compris l’odeur et l’aspect.
Et
puis quelque chose se produisit. Une fois que cessèrent l’aversion et la
négativité, une fois cette étape traversée, j’ai commencé à contempler le corps
comme le Dhamma et à l’apprécier. Il est possible d’apprécier ce processus et
d’en voir la perfection, de réaliser qu’il s’agit là de la perfection de la
nature. C’est un processus naturel qui n’est ni mauvais ni hideux. Il s’agit de
la vie et de la façon dont les choses évoluent et changent. Quand on peut voir
le processus de décomposition avec un regard clair et paisible, on commence à
voir la nature comme le Dhamma.
En
Thaïlande, d’ailleurs, le mot que l’on emploie pour parler de la nature est
« Dhamma » ou, plus exactement, « Dhammachat », ce qui
signifie le mouvement naturel des choses, les lois de la nature. Par contre, en
Occident, nous avons tendance à penser que la nature est extérieure à la
religion. Dans le Christianisme, il y a une structure métaphysique qui n’a pas grand-chose
à faire avec les lois naturelles, de sorte que la libération dépend d’une
croyance en des doctrines métaphysiques et non de la compréhension des lois de
la nature. Selon mon propre conditionnement, la nature est quelque chose
d’extérieur, c’est ce que l’on voit là-bas dehors. Il y a bien des montagnes et
des arbres et il y a des lois naturelles mais elles n’ont pas grand-chose à
voir avec nous, de sorte que l’on se sent étranger au monde.
Pourtant
notre corps fonctionne en lien avec les lois naturelles, il fait partie d’une
structure planétaire et l’ensemble fait partie d’un tout parfait. Dans le
bouddhisme, quand on met sur un même plan le Dhamma et les processus naturels,
on ouvre son esprit à ce qui est. C’est ce que le Bouddha a découvert quand il
a atteint l’Eveil : il a réalisé le mouvement naturel des choses. Et tous
les faux concepts relatifs au soi et à la culture, qui sont basés sur
l’ignorance, la peur et le désir, se sont simplement dissous dans son esprit.