Le Dhamma de la Forêt |
Il y a deux champs essentiels de pratique : la méditation formelle et la vie quotidienne.
Quelle que soit notre pratique actuelle, nous pouvons toujours l’intensifier.
Si nous méditons assis 45 minutes le matin, nous pouvons ajouter au moins 30 minutes le soir (ou en fin d’après-midi).
Si nous méditons une heure matin et soir, nous pouvons prolonger l’une de ces deux assises chaque fois que les conditions le permettent.
Si nous ne prenons jamais le temps de méditer en marchant, nous prenons la résolution de trouver ce temps et nous apprécions, à chaque pas, les bienfaits de cette pratique.
Si nous ne savons plus pourquoi nous méditons, si c’est devenu une routine, nous décidons de lire une page des enseignements d’un grand maître avant de nous asseoir, pour retrouver l’inspiration et le sens de la pratique.
Si nous regardons notre coussin sans nous y asseoir avec un sentiment de « pourquoi ne vais-je pas méditer alors que je pourrais le faire ? » nous pouvons évoquer le EHIPASSIKO du Bouddha : « Viens voir par toi-même ! Tu peux vraiment te sentir mieux après. Essaie et tu verras ! » et nous aider avec un message stimulant de ce type :
Nous avons peut-être déjà des points de repère qui servent de rappel de l’attention au quotidien. Dans ce cas, nous pouvons en ajouter de nouveaux pour que le flux de l’attention devienne aussi continu que possible. Si ce n’est pas encore le cas, c’est le moment de nous lancer dans cette pratique indispensable.
Quelques suggestions :
Conscience
des contacts : Finir la pratique
assise par une conscience des sensations dans les paumes des mains.
Ensuite, en se levant, en rangeant ses affaires de méditation, etc.
avoir une conscience aigüe des sensations dans les mains. Pour le
reste de la journée, cette conscience aigüe sera impossible à
soutenir. Il faudra donc la limiter délibérément à certains
gestes. Par exemple, chaque fois que l’on ouvre une porte ou une
fenêtre, prendre conscience de la sensation du matériau de la
poignée, de la forme de la main qui s’adapte, de la « sagesse »
de cette main qui sait exactement quoi faire, etc. Tout cela en une
petite seconde, invisible pour l’entourage.
Cette
conscience des mains peut se développer à toutes sortes de
situations : chaque fois que l’on se lave les mains, que l’on
se tient à une poignée dans un bus, etc. Attention cependant à ne
pas remplacer
l’attention à un objet par l’attention à un autre. Il s’agit
de cumuler, au contraire, les objets et les moments d’attention
(voir les paroles du Bouddha sur l’Effort
Juste à la fin de ce texte).
Conscience des sons : Développer l’attention aux bruits qui nous entourent en nous amusant à ne pas leur mettre d’étiquettes. Par exemple : « Ce n’est pas le bruit du métro qui arrive / du coq qui chante / mais une série de vibrations sonores qui atteignent mes tympans. » Et vraiment sentir que ce ne sont que des vibrations. Cette simple pratique peut éveiller des révélations très profondes.
Les
repas : Manger et boire sont des
occasions d’attention exceptionnelles. Même si nous ne pouvons
pas être aussi attentifs que lors d’une retraite de
méditation où nous ralentissons énormément le rythme pour mieux
« voir », il y a quantités de moments d’attention
possibles. À nous d’en sélectionner un, d’en ajouter ensuite
un autre, et ainsi de suite. Exemples :
- Pour
boire, prendre et reposer son verre ou sa tasse doucement,
consciemment, sans heurt. En faire un jeu, à perfectionner d’une
fois sur l’autre puis à développer avec d’autres gestes.
- Pendant
que l’on mâche, voir comment l’attention est déjà partie vers
la prochaine fourchetée. Avec un sourire intérieur, revenir aux
sensations dans la bouche.
- Voir
la tendance à faire plusieurs choses à la fois (boire alors que
l’on est encore en train de mâcher ; refermer un pot de
confiture tout en continuant à manger, etc.). Se contenter de le
voir en conscience ou bien interrompre son geste et prendre le temps
de faire les choses l’une après l’autre.
En éveillant l’attention progressivement ainsi, de nombreuses autres occasions d’observation se manifestent d’elles-mêmes. Nous pouvons nous amuser à les développer. Nous y trouverons de plus en plus de joie.
En
cas de sensations désagréables
d’inconfort (faim,
chaleur, douleur, …) : Profitons de l’occasion pour voir
qu’il ne s’agit pas d’une entité figée appelée « faim »,
« chaleur » ou « douleur » à laquelle nous
devons nous identifier (« j’ai faim / j’ai chaud / j’ai
mal ») mais d’un ensemble de sensations qui changent à la
vitesse de l'éclair. Avec un intérêt éveillé et une observation
aiguisée, observons comment le ressenti désagréable peut évoluer
et même disparaître, apportant un sentiment de joie, de libération.
Cette
pratique est extrêmement utile, d’une part, pour soulager
l’inconfort et, d’autre part, pour ouvrir des portes de
compréhension plus profondes sur la réelle nature des choses.
Écoute et
parole : Développer l’attention / la
sensibilité / la compréhension vis-à-vis de la personne qui
parle, souvent au-delà des mots. Avant de prendre la parole,
laisser un espace, un temps de pause – une seconde de
pleine conscience suffit – pour veiller à
ce que nos paroles ne créent pas de souffrance à notre
interlocuteur et même, si possible, qu’elles lui soient utiles.
(Voir plus bas l’enseignement du Bouddha sur
La Parole Juste.)
En
cas de difficultés avec une personne en particulier, s’exercer pas
à pas, jour après jour, à créer cet espace tout en pratiquant
Mettā.
Mettā est une pratique que le Bouddha a enseignée à ses disciples. Elle nous apprend à ouvrir le cœur à tout et à tous, sans discrimination, sans jugements. Aboutie, cette pratique permet de lâcher toutes les résistances, aux personnes comme aux situations. C’est une source de grande force émotionnelle et spirituelle. Elle apporte ainsi le bonheur à celui qui la pratique comme à ceux qui l’entourent.
Mettā se pratique en méditation assise, en marchant, et dans la vie de tous les jours. Différentes « techniques » ont fleuri au fil des temps. Bhante Henepola Gunaratana a une formulation un peu longue mais qui englobe tout :
Voici un lien vers une méditation guidée basée sur ses enseignements :
*******
La Parole Juste selon le Bouddha
Dire des choses qui ne sont pas vraies, pas correctes, pas salutaires et qui, de plus, sont fâcheuses et désagréables aux autres — un être noble ne le fait pas.
Dire des choses qui sont vraies et correctes mais qui ne sont pas salutaires et qui, de plus, sont fâcheuses et désagréables aux autres — un être noble ne le fait pas.
Dire des choses qui sont vraies, correctes et salutaires mais qui sont aussi fâcheuses et désagréables aux autres — un être noble connaît le moment approprié pour dire de telles choses.
Dire des choses qui ne sont pas vraies, pas correctes, pas salutaires mais qui font plaisir et sont agréables aux autres — un être noble ne le fait pas.
Dire des choses qui sont vraies et correctes mais pas salutaires et qui font plaisir et sont agréables aux autres — un être noble ne le fait pas.
Dire des choses qui sont vraies, correctes et salutaires et qui font plaisir et sont agréables aux autres — un être noble connaît le moment approprié pour dire de telles choses.
Pourquoi cela ? Parce qu’un être noble a de la compassion pour tous les êtres vivants.
Qu’est-ce que l’effort juste ?
Le Bouddha a expliqué très clairement que l’effort juste consiste à éveiller l’énergie nécessaire (viriya) et la persévérance indispensable pour :