Le Dhamma de la Forêt


Se libérer des 5 agrégats de souffrance

Maha Ghosananda

Extrait de Step by Step

Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/


Le Bouddha a pleuré en voyant le cycle sans fin de la souffrance : la mouche mange la fleur ; la grenouille mange la mouche ; le serpent mange la grenouille ; l'oiseau mange le serpent ; le tigre mange l'oiseau ; le chasseur tue le tigre ; le corps du tigre enfle; les mouches viennent manger le cadavre du tigre ; les mouches pondent des œufs dans le cadavre ; les œufs deviennent mouches ; les mouches mangent les fleurs ; et les grenouilles mangent les mouches...

Voilà pourquoi le Bouddha a dit : « Je n'enseigne que deux choses : la souffrance et la fin de la souffrance. » Souffrir, se nourrir et ressentir sont exactement pareils.

Les ressentis mangent tout. Les ressentis ont six bouches : les yeux les oreilles, le nez, la langue, le corps et l'esprit. La première bouche se nourrit de formes à travers les yeux ; la deuxième se nourrit de sons ; la troisième se nourrit d’odeurs ; la quatrième se nourrit de saveurs ; la cinquième se nourrit de contacts physiques ; et la dernière bouche se nourrit d’idées. Voilà ce que sont les ressentis.

Tout a une cause. Il n'y a pas de « personne », juste des causes et des conditionnements. Par conséquent, « vous » ne pouvez ni entendre ni voir. Lorsqu’il y a un contact entre un son et les oreilles, il y a le fait d’entendre. Lorsque la forme entre en contact avec les yeux, il y a le fait de voir.

Lorsque les yeux, la forme et la conscience sensorielle se rencontrent, il y a contact visuel. Le contact visuel conditionne le ressenti. Le ressenti conditionne la perception. Les perceptions conditionnent la pensée et la pensée c’est « moi, je, le mien » – l'idée douloureusement erronée qu’il y a un « moi » qui voit, entend, sent, goûte, touche et pense.

Le ressenti utilise les yeux pour dévorer les formes. Si une forme est belle, un ressenti agréable pénètre dans les yeux. Si une forme n'est pas belle, elle engendre un ressenti désagréable. Si nous ne sommes pas attentifs à une certaine forme, un ressenti neutre apparaît. Il en va de même avec les oreilles : les sons doux engendrent des ressenti agréables, les sons durs engendrent des ressentis désagréables et l'inattention fait apparaître des ressentis neutres.

Mais là encore, vous allez penser : « C’est moi qui vois, qui entends, qui ressens. » Mais ce n'est pas « vous ». Il y a simplement un contact : la rencontre entre les yeux, une forme et de la conscience visuelle. C'est seulement le Dhamma.

Un homme demanda un jour au Bouddha : « Qui ressent ? »

Le Bouddha répondit : « La question n’est pas bien posée. » Il n’y a pas de « personne » qui ressente. Le ressenti ressent. Il n'y a pas de je, de moi ou de mien. Il n'y a que le Dhamma.

Toutes les sortes de ressentis relèvent de la souffrance. Ils sont pleins de vanité, pleins de « je suis ». Si nous parvenons à pénétrer la nature même des ressentis, nous pourrons réaliser le pur bonheur de l’Éveil.

Les sentiments et les sensations nous font souffrir, parce que nous ne comprenons pas qu'ils sont impermanents. Le Bouddha a dit : « Comment les ressentis pourraient-ils être permanents alors qu’ils dépendent du corps qui, lui, est impermanent ? » Lorsque nous ne contrôlons pas nos ressentis, nous sommes contrôlés par eux. Si nous vivons dans l'instant présent, nous pouvons voir les choses telles qu'elles sont. Ce faisant, nous pouvons mettre un terme à tout désir, briser l'esclavage et réaliser la paix.

Pour comprendre les ressentis agréables, désagréables et neutres, nous devons mettre en pratique les quatre fondements de l’attention. L’attention bien aiguisée peut transformer les ressentis agréables, désagréables et neutres en sagesse.

En méditation, nous détendons le corps, mais nous nous asseyons bien droit, et en suivant notre respiration ou tout autre objet de concentration, nous arrêtons la plupart de nos pensées. Par conséquent, nous cessons d'être manipulés par nos ressentis Les pensées engendrent les ressentis et les ressentis créent de nouvelles pensées. Être libre de l’attachement aux pensées et aux ressentis, c’est le nibbana, le bonheur le plus élevé, le bonheur suprême.

Vivre sans souffrir signifie vivre toujours dans le présent. Le plus grand des bonheurs est ici et maintenant.


Se libérer de la souffrance

Le Bouddha a dit : « Je n'enseigne que deux choses : la souffrance et la fin de la souffrance. »

Quelle est la cause de la souffrance ? La souffrance naît de l'attachement. Si l’esprit dit : « Je suis », il y a souffrance. Si l'esprit dit : « Je ne suis pas », il y a aussi souffrance. Tant que l'esprit s'attache, il souffre.

Lorsque l'esprit est silencieux, il devient paisible et libre.

L'attachement a 108 noms. On peut l’appeler cupidité, colère, envie ou convoitise.

L’attachement est comme une mue : lorsqu’un serpent se débarrasse de sa peau extérieure dure, il y en a toujours une autre dessous.

Comment pouvons-nous nous libérer de la souffrance ? Nous n’avons qu’à la laisser passer. « Péniblement nous la supportons, joyeusement nous la laissons aller. » La souffrance suit celui qui n’a pas maîtrisé son esprit aussi sûrement qu'une charrette suit le bœuf qui la tire. La paix suit celui qui a maîtrisé son esprit aussi sûrement que son ombre.

L’attachement est toujours source de souffrance. C'est une loi naturelle, comme la loi du feu. Peu importe que vous croyiez ou non que le feu est chaud. Quand vous le touchez, il vous brûle.

Le Dhamma nous enseigne à connaître, entraîner et libérer l'esprit. Lorsque l'esprit est maîtrisé, tout le Dhamma est maîtrisé. Quelle est la clé pour maîtriser l'esprit? C'est l’attention.

Faut-il longtemps pour se libérer de la souffrance ? Non, l'éveil est toujours ici et maintenant. Mais s'en rendre compte peut prendre de nombreuses vies !