Le Dhamma de la Forêt


Qu’est-ce que la Vacuité


(Extrait de Reading the Mind)


Upasika Kee Nanayon


Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/


En quoi la vacuité est-elle vide ? Si on parle de vacuité, cela signifie-t-il que tout disparaît ou est annihilé ?

Il faut savoir qu’en réalité, quand on dit que l’esprit est vacuité, cela ne veut pas dire qu’il est anéanti. Tout ce qui est anéanti, c’est l’attachement et la saisie.

Ce que vous devez faire, c’est voir à quoi ressemble la vacuité quand elle se manifeste et surtout ne pas vous en emparer. La nature de cette vacuité est qu’elle apporte en vous ce qui est au-delà de la mort – l’absence de soi – et pourtant l’esprit continue à fonctionner, à se connaître et à se déchiffrer. Tout ce que vous avez à faire, c’est éviter de mettre une étiquette sur cette expérience ou de vous en emparer.

Il y a plusieurs niveaux de vacuité, plusieurs types. Mais s’il s’agit de tel ou tel type, ce n’est pas l’authentique vacuité parce qu’il s’y mêle une intention de savoir de quelle sorte de vacuité il s’agit, quelles sont ses caractéristiques, etc. C’est quelque chose que vous devez étudier en profondeur si vous voulez vraiment en avoir la connaissance. S’il s’agit d’une vacuité superficielle – la vacuité de l’esprit paisible, sans pensées et libre d’un sentiment de soi – ce n’est pas la véritable vacuité. La véritable vacuité se trouve très en profondeur, pas au niveau de la simple tranquillité d’esprit ou de la concentration. La vacuité réelle est quelque chose de très profond.

Mais, du fait de ce que nous avons étudié et entendu dire, nous avons tendance à croire que le vide d’un esprit calme est vacuité ; et, à partir de là, toutes les étiquettes que nous allons mettre seront également fausses. Il ne s’agit, en réalité, que d’un calme ordinaire. Pour trouver la vacuité, nous devons aller beaucoup plus en profondeur. Peu importe que vous reconnaissiez des expériences dont vous avez pu entendre parler auparavant ; ne vous emballez pas. N’allez pas imaginer que vous avez atteint tel ou tel niveau d’éveil, sinon vous allez tout gâcher. Vous atteignez un niveau de calme où vous devriez pouvoir maintenir votre attention fermement ancrée mais, une fois que vous mettez de fausses étiquettes sur cette expérience, tout s’arrête… ou bien part dans tous les sens.

Mettre des mots sur une expérience, c’est l’attachement en action. C’est très subtil, très fin : dès que quelque chose apparaît, l’attachement s’en empare. Vous devez donc laisser l’esprit être vide sans mettre de mots dessus car le vide qui lâche toute préoccupation ou qui est libéré des pensées est quelque chose qui doit être approfondi. Ne lui mettez pas une étiquette ou une autre car mesurer ou comparer les choses ainsi bloque tout le processus et, en particulier, la connaissance du mouvement incessant de l’esprit.

Pour commencer, observez donc simplement tout cela, soyez simplement conscients. Si vous vous emballez, cela gâche tout : au lieu de voir les choses clairement, vous ne verrez rien du tout. Vous vous arrêterez là et ne pourrez plus avancer. C’est pourquoi, quand on entraîne l’esprit, quand on le contemple assez pour avoir une claire compréhension des choses de temps à autre, on doit simplement considérer tout cela comme des choses à observer.