Sevitabbasevitabba
Sutta (MN 114)
Ce qui doit être cultivé et ce qui ne doit pas être cultivé
Traduit
par Jeanne Schut
1.
Ainsi ai-je entendu. A une certaine occasion, le Bouddha vivait
à
Savatthi, dans le Verger de Jeta, le parc offert par Anathapindika.
Là,
il s’adressa aux moines en disant :
« Bhikkhus ! »
— « Oui,
Vénérable »,
répondirent-ils.
Et le Bouddha dit :
2.
« Bhikkhus ! Je vais vous parler
de ce qui doit être cultivé et de ce
qui ne doit pas être cultivé. Ecoutez et soyez
très attentifs à ce que
je vais dire. » —
« Oui, Vénérable,
répondirent les moines.
(Premier exposé)
3.
« Bhikkhus, il existe deux types de comportement sur
le plan corporel :
l’un qu’il faut cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver. Et tout
comportement corporel est soit d’un type soit de
l’autre. Il existe
deux types de comportement verbal : l’un qu’il faut
cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver. Et tout comportement verbal est
soit d’un
type soit de l’autre. Il existe deux types de comportement
mental :
l’un qu’il faut cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver. Et tout
comportement mental est soit d’un type soit de
l’autre. Il existe deux
types de tendances de l’esprit : l’un
qu’il faut cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver. Et toute tendance de
l’esprit est soit d’un
type soit de l’autre. Il existe deux types
d’acquisition de
perception : l’un qu’il faut cultiver et
l’autre qu’il ne faut pas
cultiver. Et toute acquisition de perception est soit d’un
type soit de
l’autre. Il existe deux types d’acquisition de
point de vue : l’un
qu’il faut cultiver et l’autre qu’il ne
faut pas cultiver. Et toute
acquisition de point de vue est soit d’un type soit de
l’autre. Il
existe deux types d’acquisition
d’individualité : l’un qu’il
faut
cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et
toute acquisition
d’individualité est soit d’un type soit
de l’autre. »
(Premier developpement)
4. Quand ceci fut dit, le
Vénérable Sariputta dit au Bouddha :
« Vénérable,
voici comment je comprends dans le détail le sens des
paroles que vous
avez prononcées brièvement sans en exposer le
sens dans le détail :
5.
« Le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus,
il existe deux types de comportement
sur le plan corporel : l’un qu’il faut
cultiver et l’autre qu’il ne
faut pas cultiver. Et tout comportement corporel est soit
d’un type
soit de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en
parlant ainsi ?
« Vénérable,
un comportement corporel qui fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivé. Par contre, un comportement
corporel qui fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devrait être cultivé.
« Et
quel type de comportement corporel fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
une personne qui tue des êtres vivants, un meurtrier aux
mains tachées
de sang, enclin aux coups et à la violence, sans aucune
pitié pour les
êtres vivants. Quelqu’un qui prend ce qui ne lui a
pas été donné, qui
s’approprie par le vol la richesse et les biens
d’autrui dans les
villages comme dans les forêts. Quelqu’un qui se
vautre dans les
plaisirs sensoriels ; il séduit des femmes
— alors même qu’elles sont
sous la protection de leur mère, de leur père, de
leurs parents, de
leur frère, de leur sœur ou de leur famille,
qu’elles ont un époux,
qu’elles sont protégées par la loi
— et même celles qui sont ornées de
guirlandes pour leurs fiançailles. Un tel comportement
corporel fait
accroître les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive.
« Et
quel type de comportement corporel fait décroître
les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
une personne cesse de tuer des êtres vivants et
s’abstient dorénavant
de tuer des êtres vivants ; bâton et arme
déposés, avec douceur et
gentillesse, il demeure plein de compassion pour tous les
êtres
vivants. Cessant de prendre ce qui ne lui a pas
été donné, il
s’abstient dorénavant de prendre ce qui ne lui est
pas donné ; il ne
s’approprie pas, par le vol, la richesse et les biens
d’autrui dans les
villages comme dans les forêts. Abandonnant les plaisirs
sensoriels
dépravés, il s’abstient
dorénavant de se vautrer dans les plaisirs
sensoriels ; il ne séduit pas les femmes qui sont
sous la protection de
leur mère, de leur père, de leurs parents, de
leur frère, de leur sœur
ou de leur famille, qui ont un époux, qui sont
protégées par la loi,
non plus que celles qui sont ornées de guirlandes pour leurs
fiançailles. Un tel comportement corporel fait
décroître les états
malsains et accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types de comportement sur le plan corporel :
l’un qu’il faut
cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et
tout comportement
corporel est soit d’un type soit de
l’autre.’
6.
« Le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus,
il existe deux types de comportement
sur le plan verbal : l’un qu’il faut
cultiver et l’autre qu’il ne faut
pas cultiver. Et tout comportement verbal est soit d’un type
soit de
l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant
ainsi ?
« Vénérable,
un comportement verbal qui fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivé. Par contre, un comportement
verbal qui fait décroître
les états malsains et accroître les
états bénéfiques chez celui qui les
cultive devrait être cultivé.
« Et
quel type de comportement verbal fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
quelqu’un qui dit des mensonges. Quand il est
appelé à témoigner devant
un tribunal ou lors d’une réunion, ou en
présence de sa famille, de ses
compagnons ou de la famille royale et qu’on lui
demande : ‘Eh bien,
brave homme, dis-nous ce que tu sais’, sans rien savoir il
dira : ‘Je
sais’, ou bien sachant il dira : ‘Je ne
sais pas’ ; sans rien voir il
dira : ‘Je vois’, ou bien voyant il
dira : ‘Je ne vois pas’. Il dit des
mensonges en toute conscience à ses propres fins ou aux fins
d’un autre
ou à quelques fins mondaines insignifiantes. Il parle avec
malveillance ; il répète quelque part ce
qu’il a entendu ailleurs pour
créer un schisme entre ces personnes-là et
celles-ci, ou bien il répète
à ces personnes-ci ce qu’il a entendu ailleurs
pour créer un schisme
entre elles. C’est donc quelqu’un qui divise ceux
qui sont unis,
quelqu’un qui crée des schismes, qui aime la
discorde, se réjouit de la
discorde, se complaît dans la discorde ;
quelqu’un qui prononce des
paroles qui engendrent la discorde. Il parle durement, prononce des
paroles brutales, dures, blessantes pour les autres, offensantes pour
les autres, à la limite de la colère, des paroles
qui ne peuvent
conduire à l’harmonie. C’est un
médisant ; il parle au mauvais moment,
affirme des choses sans fondement réel, parle pour ne rien
dire, parle
à l’encontre du Dhamma et de la Discipline. Il
prononce au mauvais
moment des paroles qui n’ont ni valeur, ni raison ni
modération et qui
sont néfastes. Un tel comportement verbal fait
accroître les états
malsains et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive.
« Et
quel type de comportement verbal fait décroître
les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
quelqu’un cesse de dire des mensonges et s’abstient
dorénavant de dire
des mensonges. Quand il est appelé à
témoigner devant un tribunal ou
lors d’une réunion, ou en présence de
sa famille, de ses compagnons ou
de la famille royale et qu’on lui demande :
‘Eh bien, brave homme,
dis-nous ce que tu sais’, s’il ne sait rien il
dira : ‘Je ne sais pas’,
ou bien s’il sait il dira : ‘Je
sais’ ; s’il n’a rien vu il
dira : ‘Je
n’ai pas vu’, ou bien s’il a vu il
dira : ‘J’ai vu’. Il ne dit pas
des
mensonges en toute conscience à ses propres fins ou aux fins
d’un autre
ou à quelques fins mondaines insignifiantes. Il cesse de
parler avec
malveillance et s’abstient désormais de parler
avec malveillance ; il
ne répète pas quelque part ce qu’il a
entendu ailleurs pour créer un
schisme entre ces personnes-là et celles-ci ; il ne
répète pas non plus
à ces personnes-ci ce qu’il a entendu ailleurs
pour créer un schisme
entre elles. C’est donc quelqu’un qui
réconcilie ceux qui sont divisés,
quelqu’un qui encourage l’amitié, qui
aime l’harmonie, se réjouit de
l’harmonie, se complaît dans
l’harmonie ; quelqu’un qui prononce des
paroles qui encouragent l’harmonie. Il cesse de parler
durement et
s’abstient dorénavant de parler
durement ; il prononce des paroles
plaisantes, agréables à entendre et aimables qui
vont droit au cœur des
gens, des paroles courtoises, des paroles que beaucoup
espèrent et
bonnes pour beaucoup. Il cesse de médire et
s’abstient dorénavant de
médire; il parle au moment opportun, affirme des choses
fondées, parle
de ce qui est bien, il parle du Dhamma et de la Discipline. Il prononce
au bon moment des paroles qui méritent
d’être retenues, raisonnables et
modérées et qui sont
bénéfiques. Un tel comportement verbal fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types de comportement sur le plan verbal : l’un
qu’il faut
cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et
tout comportement
verbal est soit d’un type soit de
l’autre.’
7.
« Le Bouddha a dit : ‘Bhikkhus,
il existe deux types de comportement
sur le plan mental : l’un qu’il faut
cultiver et l’autre qu’il ne faut
pas cultiver. Et tout comportement mental est soit d’un type
soit de
l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant
ainsi ?
« Vénérable,
un comportement mental qui fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivé. Par contre, un comportement
mental qui fait décroître
les états malsains et accroître les
états bénéfiques chez celui qui les
cultive devrait être cultivé.
« Et
quel type de comportement mental fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
une personne cupide qui convoite la richesse et les biens
d’autrui, et
qui se dit : ‘Oh ! Si seulement je pouvais
posséder ce qui appartient
aux autres !’ Ou bien, l’esprit plein de
mauvaises intentions et de
haine , elle se dit : ‘J’aimerais que ces
personnes soient tuées et
massacrées ; j’aimerais
qu’elles soient décapitées,
qu’elles périssent
ou qu’elles soient
annihilées ! » Un tel
comportement mental fait
accroître les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive.
« Et
quel type de comportement mental fait décroître
les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
une personne qui n’est pas cupide, qui ne convoite pas la
richesse et
les biens d’autrui, et qui ne se dit pas :
‘Oh ! Si seulement je
pouvais posséder ce qui appartient aux
autres !’ Son esprit n’a aucune
mauvaise intention ni haine, elle se dit : ‘Puissent
ces personnes être
libres de tout inimitié, affliction et
anxiété ! Puissent-elles prendre
soin d’elles-mêmes avec bonheur
! » Un tel comportement mental fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types de comportement sur le plan mental : l’un
qu’il faut
cultiver et l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et
tout comportement
mental est soit d’un type soit de
l’autre.’
8.
« Le Bouddha a dit : ‘Il existe
deux types de tendances de l’esprit :
l’un qu’il faut cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver. Et
toute tendance de l’esprit est soit d’un type soit
de l’autre.’ A quoi
faisait-il allusion en parlant ainsi ?
« Vénérable,
une tendance de l’esprit qui fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivée. Par contre, une tendance de
l’esprit qui fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et
quel type de tendance de l’esprit fait accroître
les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
une personne est cupide et son l’esprit est
complètement pénétré de
cupidité. Elle est de mauvaise volonté et son
esprit est complètement
pénétré de mauvaise
volonté. Elle est cruelle et son esprit est
complètement pénétré de
cruauté. Une telle tendance de l’esprit fait
accroître les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive.
« Et
quel type de tendance de l’esprit fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple
une personne est libre de toute cupidité et son esprit est
complètement
détaché de toute cupidité. Elle est
sans mauvaise volonté et son esprit
est complètement détaché de toute
mauvaise volonté. Elle est sans
cruauté et son esprit est complètement
détaché de toute cruauté (1). Une telle
tendance de l’esprit fait décroître les
états malsains et accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types de tendances de l’esprit : l’un
qu’il faut cultiver et
l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute
tendance de l’esprit est
soit d’un type soit de l’autre.’
9.
« Le Bouddha a dit : ‘Il existe
deux types d’acquisition de perception
: l’un qu’il faut cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver. Et
toute d’acquisition de perception est soit d’un
type soit de l’autre.’
A quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?
« Vénérable,
une acquisition de perception qui fait accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivée. Par contre, une acquisition de
perception qui fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et
quel type d’acquisition de perception fait
accroître les états malsains
et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par
exemple une personne est cupide et sa perception est
complètement
pénétrée de cupidité. Elle
est de mauvaise volonté et sa perception est
complètement pénétrée de
mauvaise volonté. Elle est cruelle et sa
perception est complètement
pénétrée de cruauté. Une
telle acquisition
de perception fait accroître les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive.
« Et
quel type d’acquisition de perception fait
décroître les états malsains
et accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par
exemple une personne est libre de toute cupidité et sa
perception est
complètement détachée de toute
cupidité. Elle est sans mauvaise volonté
et sa perception est complètement
détachée de toute mauvaise volonté.
Elle est sans cruauté et sa perception est
complètement détachée de
toute cruauté. Une telle acquisition de perception fait
décroître les
états malsains et accroître les états
bénéfiques chez celui qui les
cultive.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types d’acquisition de perception :
l’un qu’il faut cultiver et
l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute
acquisition de perception
est soit d’un type soit de l’autre.’
10.
« Le Bouddha a dit : ‘Il existe
deux types d’acquisition de point de
vue : l’un qu’il faut cultiver et l’autre
qu’il ne faut pas cultiver.
Et toute acquisition de point de vue est soit d’un type soit
de
l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant
ainsi ?
« Vénérable,
une acquisition de point de vue qui fait accroître les
états malsains
et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivée. Par contre, une acquisition de
point de vue qui fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et
quel type d’acquisition de point de vue fait
accroître les états
malsains et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple quelqu’un voit les choses ainsi :
‘Il n’y a rien qui soit
donné, rien qui soit offert, rien qui soit
sacrifié. Il n’y a pas de
fruit ni de résultat des bonnes et des mauvaises actions. Il
n’y a pas
ce monde et pas d’autre monde. Il n’y a pas de
mère et pas de père. Il
n’y a pas d’êtres qui renaissent
spontanément. Il n’y a pas de bons et
vertueux ascètes et brahmines de par le monde qui se sont
éveillés par
eux-mêmes et par connaissance directe et qui
déclarent que ce monde et
l’autre monde existent.’ Une telle acquisition de
point de vue fait
accroître les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive.
« Et
quel type d’acquisition de point de vue fait
décroître les états
malsains et accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Par exemple quelqu’un voit les choses ainsi :
‘Il y a ce qui est donné,
ce qui est offert et ce qui est sacrifié. Il y a le fruit et
le
résultat des bonnes et des mauvaises actions. Il y a ce
monde et
l’autre monde. Il y a mère et père. Il
y a des êtres qui renaissent
spontanément. Il y a de bons et vertueux ascètes
et brahmines de par le
monde qui se sont éveillés par
eux-mêmes par connaissance directe et
qui déclarent que ce monde et l’autre monde
existent.’ Une telle
acquisition de point de vue fait décroître les
états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types d’acquisition de point de vue : l’un
qu’il faut cultiver et
l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute
acquisition de point de
vue est soit d’un type soit de l’autre.’
11.
« Le Bouddha a dit : ‘Il existe
deux types d’acquisition
d’individualité : l’un qu’il
faut cultiver et l’autre qu’il ne faut pas
cultiver. Et toute acquisition d’individualité est
soit d’un type soit
de l’autre.’ A quoi faisait-il allusion en parlant
ainsi ?
« Vénérable,
une acquisition d’individualité qui fait
accroître les états malsains
et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne devrait
pas être cultivée. Par contre, une acquisition
d’individualité qui fait
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devrait être cultivée.
« Et
quel type d’acquisition d’individualité
fait accroître les états
malsains et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Quand une personne cultive une acquisition de personnalité
qui est
sujette à l’affliction, les états
malsains augmentent et les états
bénéfiques diminuent chez elle, ce qui
l’empêche d’atteindre
l’extinction [le nirvana].
« Et
quel type d’acquisition d’individualité
fait décroître les états
malsains et accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ?
Quand une personne cultive une acquisition de personnalité
qui est
libre de toute affliction, les états malsains diminuent et
les états
bénéfiques augmentent chez elle, ce qui lui
permet d’atteindre
l’extinction.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Bhikkhus, il existe
deux types d’acquisition d’individualité
: l’un qu’il faut cultiver et
l’autre qu’il ne faut pas cultiver. Et toute
acquisition
d’individualité est soit d’un type soit
de l’autre.’
12.
« Vénérable, c’est
ainsi que je comprends dans le détail le sens des
paroles que vous avez prononcées brièvement sans
en exposer le sens
dans le détail.
(Première approbation et
recapitulation)
13.
« Bien, bien, Sariputta ! Il est bon que tu
comprennes ainsi dans le
détail le sens des paroles que j’ai
prononcées brièvement sans en
exposer le sens dans le détail.
14-20 (Dans ces paragraphes, le
Buddha répète textuellement les § 5
à 11.)
21. « Sariputta, le
sens détaillé de mes paroles que je
n’ai pas exposé dans le détail devrait
être considéré ainsi.
(Second exposé)
22.
« Sariputta, je dis que les formes connaissables par
l’œil sont de deux
types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé. Je dis que les sons connaissables par
l’oreille sont de deux
types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé. Je dis que les odeurs connaissables par le nez sont
de deux
types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé. Je dis que les saveurs connaissables par la langue
sont de
deux types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé. Je dis que les objets tangibles connaissables par
le corps
sont de deux types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit
pas être cultivé. Je dis que les objets mentaux
connaissables par
l’esprit sont de deux types : l’un qui
doit être cultivé et l’autre qui
ne doit pas être cultivé. »
(Second
développement)
23. Quand ceci fut dit, le
Vénérable Sariputta dit au Bouddha :
« Vénérable,
voici comment je comprends dans le détail le sens des
paroles que vous
avez prononcées brièvement sans en exposer le
sens dans le détail :
24.
« Le Bouddha a dit : ‘Sariputta,
je dis que les formes connaissables
par l’ œil sont de deux types :
l’un qui doit être cultivé et
l’autre
qui ne doit pas être cultivé.’ A quoi
faisait-il allusion en parlant
ainsi ?
« Vénérable,
les formes connaissables par l’œil qui font
accroître les états
malsains et décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive
ne devraient pas être cultivées. Par contre, les
formes connaissables
par l’œil qui font décroître
les états malsains et accroître les
états
bénéfiques chez celui qui les cultive devraient
être cultivées.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Sariputta, je dis
que les formes connaissables par l’oeil sont de deux
types : l’un qui
doit être cultivé et l’autre qui ne doit
pas être cultivé.’
25. « Je dis que
les sons connaissables par l’oreille sont de deux types
…
26. « Je dis que
les odeurs connaissables par le nez sont de deux types …
27. « Je dis que
les saveurs connaissables par la langue sont de deux
types …
28. « Je dis que
les objets tangibles connaissables par le corps sont de deux
types …
29.
« Le Bouddha a dit : ‘Sariputta,
je dis que les objets mentaux
connaissables par l’esprit sont de deux types :
l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé.’ A quoi faisait-il
allusion en parlant ainsi ?
« Vénérable,
les objets mentaux connaissables par l’esprit qui font
accroître les
états malsains et décroître les
états bénéfiques chez celui qui les
cultive ne devraient pas être cultivés. Par
contre, les objets mentaux
connaissables par l’esprit qui font
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive devraient
être cultivés.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Les objets mentaux
connaissables par l’esprit sont de deux types :
l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé.’
30.
« Vénérable, c’est
ainsi que je comprends dans le détail le sens des
paroles que vous avez prononcées brièvement sans
en exposer le sens
dans le détail. »
(Seconde approbation et
recapitulation)
31.
« Bien, bien, Sariputta ! Il est bon que tu
comprennes ainsi dans le
détail le sens des paroles que j’ai
prononcées brièvement sans en
exposer le sens dans le détail.
32-37 (Dans
ces paragraphes, le Buddha répète textuellement
les § 24 à 29.)
38. « Sariputta, le
sens détaillé de mes paroles que je
n’ai pas exposé dans le détail devrait
être considéré ainsi.
(Troisieme exposé)
39.
« Sariputta, je dis que les vêtements des
moines sont de deux types :
l’un qui doit être cultivé et
l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je
dis que la nourriture offerte aux moines est de deux types :
l’un qui
doit être cultivé et l’autre qui ne doit
pas être cultivé. Je dis que
les lieux où vivent les moines sont de deux types :
l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé. Je dis que les
villages sont de deux types : l’un qui doit
être cultivé et l’autre qui
ne doit pas être cultivé. Je dis que les villes
sont de deux types :
l’un qui doit être cultivé et
l’autre qui ne doit pas être cultivé. Je
dis que les grandes cités sont de deux types :
l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé. Je dis que les régions
sont de deux types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit
pas être cultivé. Je dis que les personnes sont de
deux types : l’un
qui doit être cultivé et l’autre qui ne
doit pas être cultivé. »
40. Quand ceci fut dit, le
Vénérable Sariputta dit au Bouddha :
« Vénérable,
voici comment je comprends dans le détail le sens des
paroles que vous
avez prononcées brièvement sans en exposer le
sens dans le détail :
41.
« Le Bouddha a dit : ‘Sariputta,
je dis que les vêtements des moines
sont de deux types : l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit
pas être cultivé.’ A quoi faisait-il
allusion en parlant ainsi ?
« Vénérable,
les vêtements de moine qui font accroître les
états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne
devraient
pas être cultivées. Par contre, les
vêtements de moine qui font
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devraient être cultivés.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Sariputta, je dis
que les vêtements de moine sont de deux types :
l’un qui doit être
cultivé et l’autre qui ne doit pas être
cultivé.’
42. « Je dis que la
nourriture offerte aux moines est de deux types …
43. « Je dis que
les lieux où vivent les moines sont de deux types
…
44. « Je dis que
les villages sont de deux types …
45. « Je dis que
les villes sont de deux types …
46. « Je dis que
les grandes cités sont de deux types …
47. « Je dis que
les régions sont de deux types …
48.
« Le Bouddha a dit : ‘Je dis que
les personnes sont de deux types :
l’un qui doit être cultivé et
l’autre qui ne doit pas être
cultivé.’ A
quoi faisait-il allusion en parlant ainsi ?
« Vénérable,
s’associer avec des personnes qui font accroître
les états malsains et
décroître les états
bénéfiques chez celui qui les cultive ne
devraient
pas être cultivé. Par contre, s’associer
avec des personnes qui font
décroître les états malsains et
accroître les états
bénéfiques chez
celui qui les cultive devraient être cultivé.
« C’est
en faisant allusion à cela que le Bouddha a dit :
‘Je dis que les
personnes sont de deux types : l’un qui doit
être cultivé et l’autre
qui ne doit pas être cultivé.’
49.
« Vénérable, c’est
ainsi que je comprends dans le détail le sens des
paroles que vous avez prononcées brièvement sans
en exposer le sens
dans le détail. »
(Troisième approbation et
recapitulation)
50.
« Bien, bien, Sariputta ! Il est bon que tu
comprennes ainsi dans le
détail le sens des paroles que j’ai
prononcées brièvement sans en
exposer le sens dans le détail.
51-58 (Dans ces paragraphes, le
Buddha répète textuellement les § 41
à 48.)
59. « Sariputta, le
sens détaillé de mes paroles que je
n’ai pas exposé dans le détail devrait
être considéré ainsi.
(Conclusion)
60.
« Sariputta, si tous les nobles comprenaient ainsi
dans le détail le
sens des paroles que j’ai exposé
brièvement, cela les mènerait au
bien-être et au bonheur pendant longtemps. Si tous les
brahmines … tous
les marchants … tous les travailleurs comprenaient ainsi
dans le détail
le sens des paroles que j’ai exposé
brièvement, cela les mènerait au
bien-être et au bonheur pendant longtemps. Si le monde
— avec ses
dieux, ses Mara et ses Brahma, cette génération
et tous ses ascètes et
brahmines, tous ses princes et ses gens — comprenait ainsi
dans le
détail le sens des paroles que j’ai
exposé brièvement, cela mènerait au
bien-être et au bonheur du monde pendant
longtemps. »
Ainsi parla le Bouddha. Le
Vénérable Sariputta fut satisfait et se
réjouit grandement des paroles du Bouddha.
(1) Tandis que la
convoitise et la mauvaise volonté décrites au
§7 possèdent la force d’un plein courant
d’action (kammapatha), dans cette section
sur la tendance de l’esprit (cittuppāda)
elles sont présentées dans leur état
embryonnaire, seulement comme des
prédispositions qui n’ont pas encore
éclaté en désirs obsessionnels.